Tout est parti de quelques enseignants-chercheurs, attachés à une demi-douzaine d’écoles d’agronomie, de sciences politiques ou d’économie, et désireux de donner à leurs étudiants de master un sujet d’étude « concernant » et d’actualité : la mise en œuvre par la France de la prochaine Politique agricole commune (PAC), qui doit s’appliquer entre 2023 et 2027. Le résultat est une lettre commune, adressée lundi 20 décembre au président de la République, protestant contre le plan stratégique national (PSN) français – l’ensemble de mesures chargées de transcrire au niveau de chaque Etat membre de l’Union européenne (UE) la nouvelle PAC –, qui n’est « clairement pas à la hauteur des enjeux économiques, sociaux et environnementaux » de l’évolution du modèle agricole dominant. Celui-ci est largement structuré par la PAC, le plus gros programme de subventions publiques au monde.
Un agriculteur conduit une ensileuse afin de récolter du maïs dans un champ de Bretagne, en septembre 2020. DAMIEN MEYER / AFP
La quarantaine d’étudiants, futurs agronomes ou agronomistes ayant planché sur le sujet disent « ne pas pouvoir souscrire silencieusement aux propositions retenues dans le PSN français » et choisissent ainsi, quelques jours avant la présidence française de l’UE, d’interpeller directement le chef de l’Etat. Cette adresse intervient alors que la France doit soumettre, mercredi 22 décembre, son PSN à la Commission européenne. Elle s’inscrit en droite ligne d’une série de critiques sévères, portées par les avis et expertises d’instances consultatives officielles et par les communautés scientifiques compétentes.
« La politique agricole commune étant un sujet très technique, nous nous sommes réparti le travail, chaque groupe étant chargé d’analyser un domaine précis du plan national stratégique », raconte Gilles Collombet-Gourdon (AgroParisTech), l’un des auteurs. Les étudiants des masters concernés de six établissements – Montpellier SupAgro, AgroCampus Ouest, AgroSup Dijon, AgroParisTech, Sciences Po Lille et Sciences Po Paris – ont ainsi travaillé ensemble, avant de rassembler leurs contributions et de rendre public le résultat, sous la forme d’une longue lettre d’objections argumentées, adressée à l’Elysée.
Ils y concluent que le PSN « incarne davantage l’immobilisme qu’une volonté de changement ». « Leur démarche est tout à fait fondée, estime l’économiste Jean-Christophe Bureau, professeur à AgroParisTech et l’un des spécialistes les plus réputés des politiques agricoles. C’est une génération qui a, vis-à-vis de la question environnementale, un fort sentiment d’urgence : ils se disent qu’il est déjà trop tard pour attendre encore sept ans pour agir. A mon avis, ils ont raison, tant le plan présenté est en contradiction avec les objectifs environnementaux affichés. »
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