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SenseTime, le champion chinois de l’intelligence artificielle qui inquiète Washington

Deuxième essai pour SenseTime : après une tentative avortée, le leader chinois de l’intelligence artificielle (IA) a relancé hier le processus menant à une introduction à la Bourse de Hongkong le 30 décembre. Il y a deux semaines, le champion de la reconnaissance faciale avait annulé l’opération après avoir été placé sur une nouvelle liste noire par le Trésor américain, aux côtés d’autres Chinois comme le leader mondial des drones DJI. Les Etats-Unis l’accusent d’avoir mis au point une technologie permettant d’identifier spécifiquement des membres de l’ethnie ouïgoure et d’autres minorités musulmanes de Chine. SenseTime, tout en fustigeant des « accusations infondées », avait alors reporté son entrée en Bourse, prévue le 17 décembre.

L’entreprise, qui espère lever 767 millions de dollars (678 millions d’euros), devra se passer des investisseurs américains, interdits par le Trésor de prendre des participations dans les entreprises placées sur cette sur liste noire. « Etre privé des investisseurs américains va rendre les choses plus difficiles pour SenseTime, estime Pan Yuyu, spécialiste des entreprises du numérique pour le cabinet de conseil Analysys. Même s’ils ont réussi à compenser, leurs investisseurs sont principalement des fonds d’Etat. Sans l’accès aux institutionnels américains, l’avenir va être plus difficile. »

Options de reconnaissance ethnique

En 2019, une enquête du New York Times avait révélé que les principales start-up chinoises de la reconnaissance faciale – Yitu, Megvii, SenseTime et CloudWalk – proposaient toutes des options de reconnaissance ethnique aux forces de police avec lesquelles elles collaboraient localement. En réaction, SenseTime avait vendu ses parts dans une coentreprise formée pour servir les autorités du Xinjiang. En 2019, le département du commerce américain avait déjà placé SenseTime sur une autre liste noire privant l’entreprise de composants et logiciels américains.

De son côté, Pékin a aussi renforcé la législation sur les données, un risque supplémentaire pour SenseTime. « Les entreprises qui envisagent d’entrer à la Bourse de Hongkong ou d’autres places étrangères doivent probablement d’abord entrer en contact avec l’administration chinoise du cyberespace, pour demander s’ils doivent passer par une enquête de cybersécurité », estime Paul Triolo, expert des politiques numériques à l’Eurasia Group.

D’après son prospectus d’entrée en Bourse, SenseTime réalise 47,6 % de son chiffre d’affaires sur les services aux smart cities, qui incluent des logiciels permettant de fluidifier le trafic, d’identifier des risques comme des départs de feu, mais aussi de surveiller la population, grâce à de puissants algorithmes de reconnaissance faciale. L’autre versant de ses revenus (39,2 %) provient de ses services smart business aux entreprises, et le reste d’applications pour objets connectés et véhicules autonomes.

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