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« L’Union européene fait-elle preuve de la même naïveté avec le Vietnam qu’avec la Chine il y a vingt ans ? »

Chronique. « La politique commerciale peut être une force au service du bien. » C’est en ces termes que Phil Hogan, alors commissaire européen au commerce, salue avec un brin de grandiloquence, en juillet 2020, l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Vietnam. Cet accord dit de « nouvelle génération », le premier conclu entre un pays d’Asie du Sud-Est et le Vieux Continent, fait la fierté de Bruxelles pour sa clause consacrée au développement durable. Les deux parties s’engagent en effet à « respecter, promouvoir et mettre en œuvre de manière effective les principes relatifs aux droits fondamentaux du travail », ce qui passe entre autres par la ratification des principales conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Les négociateurs européens ont même réussi à faire signer à la dictature communiste vietnamienne un texte qui affirme son « attachement à la charte des Nations unies signée à San Francisco le 26 juin 1945 et tenant compte des principes énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ». « Je suis convaincu que cet accord accélérera le rythme des réformes au Vietnam, promettait déjà en janvier 2020 Geert Bourgeois, président de la commission du commerce international au Parlement européen. La ratification renforcera davantage les progrès en matière de normes du travail et environnementales ainsi qu’en termes de droits de l’homme. »

Quelques mois plus tard, c’est tout le contraire qui s’est produit. Fin octobre, cinq journalistes citoyens vietnamiens ont été envoyés en prison pour « abus de droits démocratiques ». Ils publiaient des enquêtes sur la corruption ou les acquisitions forcées de terres. Mi-décembre, la célèbre journaliste et blogueuse vietnamienne Pham Doan Trang a été condamnée à neuf ans d’emprisonnement pour ses écrits « préjudiciables » à la stabilité sociale.

Coût économique

Les droits des travailleurs ne sont pas mieux respectés. Pendant le confinement, les ouvriers ont dû rester jour et nuit dans leurs usines et leurs salaires ont été amputés des heures supplémentaires, à tel point que les travailleurs migrants, traumatisés par ces conditions de travail, ont préféré revenir dans leurs régions natales. Quant à la lutte contre le changement climatique, si chère à Bruxelles, les scientifiques américains du réseau Climate Action Tracker (CAT) ont rangé le Vietnam dans la catégorie des pires pays en matière d’engagements climatiques.

L’UE fait-elle preuve de la même naïveté avec le Vietnam qu’avec la Chine il y a vingt ans, lorsqu’elle croyait que Pékin allait se convertir à la démocratie et à l’économie de marché en adhérant à l’Organisation mondiale du commerce ? Les deux pays sont des dictatures communistes, que le libre-échange et l’ouverture à l’économie mondiale ne semblent pas mener sur la voie de la démocratie.

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