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En Espagne, les conservateurs rompent avec les libéraux pour rasseoir leur hégémonie sur la droite

La présidente du parti Ciudadanos, Inés Arrimadas, lors d’une session parlementaire à Madrid, en mai 2020. J.J. GUILLEN / AP

En Espagne, le Parti populaire (PP, droite) semble décidé à accélérer l’effondrement annoncé des libéraux de Ciudadanos, pour mieux absorber ses électeurs déçus et œuvrer au grand rassemblement des droites qu’il entend mener avant les législatives de 2023. Lundi 20 décembre, le président du gouvernement régional de Castille-Leon, le conservateur Alfonso Fernandez Mañueco, a ainsi annoncé par surprise la destitution des quatre ministres régionaux de Ciudadanos, avec qui il gouvernait en coalition et en minorité depuis 2019, y compris le vice-président Francisco Igea. Puis, il a dissous le Parlement régional, fixant au 13 février la date des élections anticipées. Selon les sondages, comme lors des élections régionales de Madrid de mai dernier, le PP sortirait renforcé du scrutin, tandis que Ciudadanos pourrait disparaître du Parlement de Valladolid.

Malgré l’intérêt électoraliste évident de sa décision, M. Mañueco l’a justifiée en évoquant le « manque de loyauté » de Ciudadanos, qu’il a accusé de « trahir » l’accord de coalition en « négociant le budget dans le dos du gouvernement » avec le Parti socialiste et un petit parti local et préparant une « motion de défiance » à son encontre. Depuis plusieurs semaines, le projet de loi de finances régional était effectivement bloqué au Parlement, faute de soutiens suffisants pour approuver le texte. De son côté, M. Igea a nié les manœuvres dont il a été accusé et s’est montré à la fois surpris et en colère face à une décision répondant, selon lui, à la fois à « des calculs stratégiques du PP » et à « un horizon judiciaire compliqué » pour la droite locale. Plusieurs scandales, concernant des permis de construire accordés à des parcs éoliens, des surcoûts associés à de grands travaux ou encore un financement illégal présumé du PP de Salamanque devraient en effet passer devant les tribunaux dans les prochains mois.

« Problèmes de leadership »

Cependant, la convocation d’élections répond aussi aux intérêts de la direction nationale du PP. Son président, Pablo Casado, est à la fois menacé par la montée de l’extrême droite Vox dans les enquêtes d’opinion, qu’il tente de contrer en durcissant son discours, et par l’ascension éclair dans son camp de la présidente du gouvernement régional de Madrid, Isabel Diaz Ayuso, électron libre incarnant une droite « décomplexée ».

Pour la présidente de Ciudadanos, Inés Arrimadas, M. Casado cherche à obtenir en février « une victoire pour masquer celle d’Ayuso » et résoudre « ses problèmes de leadership ». « Sont-ils conscients que parmi les ministres régionaux démis de leurs fonctions se trouve celle de la santé, en pleine nouvelle vague de Covid ? », s’est insurgée l’adjointe au maire de Madrid, Begoña Villacis, membre de Ciudadanos, avant de rappeler que PP et les libéraux gouvernent en coalition dans près de 130 municipalités.

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