Un nom, pourtant au cœur de l’actualité, ne figure pas dans les 177 pages du contrat de coalition du nouveau gouvernement allemand : celui de Nord Stream 2, ce pipeline qui doit acheminer du gaz russe en Allemagne via la mer Baltique et dont l’existence est si controversée que nul ne sait quand il entrera en service, voire s’il fonctionnera un jour.
Deux semaines après l’investiture du gouvernement, on comprend la raison d’une telle absence : au vu des crispations que suscite déjà Nord Stream 2 dans l’équipe du nouveau chancelier Olaf Scholz, il était sans doute prudent de tenir le sujet à distance pendant la phase de rédaction du contrat de coalition.
Hostiles au projet depuis toujours, les écologistes ont décidé de le mettre à l’agenda dès leurs premiers jours au gouvernement. « En l’état actuel des choses, ce gazoduc ne peut pas être approuvé, parce qu’il ne respecte pas les exigences de la législation européenne sur l’énergie et parce que les questions de sécurité restent ouvertes », a ainsi déclaré la nouvelle ministre des affaires étrangères, Annalena Baerbock, le 12 décembre, sur la chaîne de télévision publique ZDF. « D’un point de vue géopolitique, Nord Stream 2 est une erreur. D’ailleurs, tous les pays ont toujours été contre, sauf l’Allemagne et l’Autriche », a affirmé son collègue chargé de l’économie, Robert Habeck, le 19 décembre, dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung.
« Scholz joue la carte juridique »
Entre ces deux interventions, Olaf Scholz lui-même s’est exprimé sur le sujet, le 16 décembre. Depuis Bruxelles, où il participait à son premier conseil européen, le nouveau chancelier allemand a qualifié Nord Stream 2 de « projet du secteur privé ». Ce n’est donc pas à son gouvernement de décider ou non de sa mise en service, celle-ci ne pouvant de toute façon pas avoir lieu avant la fin de la procédure de certification entreprise par l’Agence fédérale des réseaux (la Bundesnetzagentur), a-t-il ajouté. Or celle-ci, après avoir annoncé, mi-novembre, qu’elle suspendait la procédure en raison d’un obstacle juridique, a fait savoir, quelques heures avant la prise de parole d’Olaf Scholz, qu’elle ne rendrait pas sa décision avant juillet 2022.
Dans son entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung, le 19 décembre, le nouveau ministre de l’économie a dit en partie la même chose que le chancelier : « Le pipeline est désormais construit. La question de sa mise en service reste ouverte et doit être décidée selon le droit européen et allemand. » Mais il a ajouté un point important, en faisant directement référence à l’attitude de la Russie et aux menaces qu’elle fait actuellement peser sur l’Ukraine : « Toute nouvelle action militaire ne peut rester sans sévères conséquences. Et on ne doit rien exclure » dans le cas d’une « nouvelle violation de l’intégrité du territoire » de l’Ukraine, a-t-il déclaré.
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