Tribune. Dans les débats binaires sur l’immigration qui agitent la France à la faveur de la campagne présidentielle, peu de choses ont été dites sur ce qu’il faudrait faire pour améliorer les capacités d’intégration des immigrés au sein de leur pays d’accueil.
Sur ce sujet, une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques récemment publiée a montré qu’une trop forte concentration géographique des immigrés peut nuire à leur bonne intégration à long terme. Une répartition territoriale plus équilibrée de l’immigration est donc nécessaire, à l’instar de celle qu’avait mise en place l’Allemagne pour l’accueil des réfugiés lors de la crise migratoire de 2015-2016.
Concentration
En France, cette démarche de territorialisation des politiques d’immigration et d’intégration reste aujourd’hui limitée au droit d’asile. Généralisée, elle permettrait d’orienter les parcours d’immigration vers des offres d’accueil et d’intégration exprimées par les territoires.
Les études de l’Insee et de France Stratégie montrent que la population immigrée de la France se concentre dans quelques régions (Ile de France, Sud, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est…), dans les grandes aires urbaines, et, en leurs seins, dans des quartiers dont les périmètres coïncident largement avec ceux de la politique de la ville.
En parallèle, les « petites et moyennes aires, campagnes isolées restent à l’écart de la croissance », portée par les grandes métropoles (Insee, 2018). Dans ces territoires, il semble par ailleurs que le sentiment d’abandon puisse créer un terreau favorable aux idées radicales contre un étranger d’autant plus fantasmé qu’il est relativement peu présent.
L’engorgement des services et des capacités d’accueil, la ségrégation des populations immigrées et le décrochage démographique entre centres et périphéries ont des effets néfastes. Il est donc crucial de promouvoir une politique assurant une meilleure répartition territoriale et une plus grande territorialisation de l’immigration et de l’intégration en France.
Initiatives locales
En matière d’immigration politique, cet horizon a déjà inspiré une partie des lois n° 2015-925 et n° 2018-778, qui ont créé le schéma national d’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés, une clé de répartition des demandes entre régions, et conditionné les aides à l’accueil des demandeurs d’asile au respect par ceux-ci de critères géographiques.
A l’échelle locale, les collectivités territoriales prennent de plus en plus d’initiatives pour offrir aux réfugiés un accueil appuyé sur des services de base qui relèvent de leurs compétences (logement, insertion, aide sociale, enfance, culture…). De petites communes (Luzy, dans la Nièvre, Ferrette, dans le Haut-Rhin…) ont obtenu des résultats prometteurs qui peuvent être source d’inspiration pour les autres.
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