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Nouvelle passe d’armes diplomatique entre l’Allemagne et la Russie après le meurtre d’un exilé tchétchène à Berlin

Les avocats de la défense (de gauche à droite), Christian Koch, Ingmar Pauli et Robert Unger, lors du verdict prononcé au tribunal régional supérieur de Berlin, le 15 décembre 2021, concernant le meurtre de Zelimkhan Tornike Khangochvili. CHRISTOPHE GATEAU / AFP

La tension monte d’un cran entre l’Allemagne et la Russie. Lundi 20 décembre, cette dernière a annoncé l’expulsion de deux diplomates allemands, en réponse à une mesure similaire prise la semaine dernière par Berlin, qui accuse Moscou d’avoir commandité l’assassinat d’un opposant tchétchène en Allemagne en 2019.

« La partie russe rejette catégoriquement les accusations sans fondement et déconnectées de la réalité portant sur l’implication des structures étatiques russes dans ce crime », a déclaré le ministère des affaires étrangères russe dans un communiqué. Le ministère, qui n’a pas précisé quand les diplomates devront quitter le pays, souligne que la Russie « continuera de répondre de manière adéquate et proportionnée à toute attaque de Berlin ». Selon la diplomatie allemande, la réplique russe, « complètement injustifiée », va « peser encore davantage sur les relations » bilatérales.

Le 15 décembre, la cour de Berlin a condamné à perpétuité un Russe à l’identité floue pour l’assassinat d’un ancien combattant séparatiste tchétchène, ressortissant de Géorgie, dans un parc de Berlin, le 23 août 2019. Le président de la cour, Olaf Arnoldi, a directement mis en cause les autorités russes, soutenant qu’elles avaient « donné l’ordre à l’accusé de liquider la victime ». Dans la foulée du verdict, Berlin a annoncé l’expulsion de deux diplomates russes. Moscou, qui a toujours nié toute implication, a dénoncé un verdict « politique ».

Le tueur était un membre du FSB

Ancien dirigeant séparatiste tchétchène, le Géorgien Zelimkhan Tornike Khangochvili, 40 ans, avait combattu contre les forces russes entre 2000 et 2004. Il vivait depuis 2016 avec sa famille en Allemagne, où il avait demandé l’asile.

Il a été victime d’« une exécution de sang froid », a affirmé le président de la cour. Son meurtrier a été désigné par le procureur comme étant Vadim Krasikov, 56 ans, « commandant d’une unité spéciale des services secrets russes FSB ». Ce dernier est arrivé à Berlin de manière « totalement invisible », selon le verdict, en faisant notamment un crochet par Paris, puis par Varsovie, avant de rejoindre la capitale allemande.

Les faits se sont déroulés à l’heure du déjeuner : le meurtrier, se déplaçant à vélo, s’était approché derrière sa victime et avait tiré deux fois, utilisant un silencieux, avant de l’achever par une balle dans la tête, à bout portant, selon le procureur. Il avait été interpellé peu après les faits près des lieux du meurtre, un prolongement du grand parc du Tiergarten.

Durant tout son procès, l’accusé a rejeté l’identité que lui prête le parquet, disant ne « connaître personne » répondant au nom de Krasikov. Par la voix de son avocat, Robert Unger, il a affirmé s’appeler Vadim Sokolov, être « russe, célibataire et ingénieur en construction », âgé de 50 ans. Durant le procès, plusieurs indices sont cependant venus renforcer la conviction du parquet quant à l’identité de l’accusé, par exemple une photo privée de Krasikov montrant deux tatouages identiques à ceux du suspect.

Le Monde avec AP et AFP

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