La « démerkélisation » de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) est en marche. Neuf jours après le départ d’Angela Merkel de la chancellerie, son rival de toujours, Friedrich Merz, a été élu, vendredi 17 décembre, à la tête du parti qu’elle a présidé de 2000 à 2018. Agé de 66 ans, ce conservateur assumé hérite d’une CDU en pleine crise existentielle après sa débâcle aux élections législatives du 26 septembre (24,1 %, le pire score de son histoire).
Pour Friedrich Merz, qui sera officiellement investi lors d’un congrès prévu les 21 et 22 janvier 2022, cette victoire est d’abord celle de la persévérance. En décembre 2018, il avait déjà essayé de se faire élire à la tête du parti après qu’Angela Merkel eut décidé d’en quitter la présidence. En vain : c’est Annegret Kramp-Karrenbauer, la dauphine désignée de l’ex-chancelière, qui l’avait alors emportée. En janvier 2021, après que celle-ci eut annoncé à son tour son retrait, il avait été à nouveau candidat. Sans plus de succès : cette fois, c’est Armin Laschet, un autre « merkélien » pur jus, qui fut élu.
Après ces deux échecs, Friedrich Merz aurait pu tirer un trait définitif sur ses ambitions. Mais la décision d’Armin Laschet de quitter la présidence de la CDU après la déroute des législatives l’a convaincu de retenter sa chance. La troisième fois aura donc été la bonne. Avec 62,1 % des voix, il l’a largement emporté, vendredi, face à ses deux adversaires, l’ancien président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen (25,8 %), et l’ex-chef de la chancellerie fédérale, Helge Braun (12,1 %).
Une légitimité incontestable
Autant que ce résultat très net obtenu dès le premier tour, c’est la façon dont Friedrich Merz a été élu qui lui donne une légitimité incontestable. Contrairement à ce qui était le cas jusqu’alors, ce ne sont pas les 1 001 délégués de la CDU (cadres, élus et représentants des fédérations) mais l’ensemble de ses 400 000 adhérents qui étaient appelés à choisir le président du parti. Or, pour cet exercice inédit, la participation a été forte : 66 %. A titre de comparaison, quand le Parti social-démocrate (SPD) a consulté ses 425 000 adhérents pour élire sa nouvelle direction, en novembre 2019, le taux de participation avait été de 54 %.
Avec Olaf Scholz (SPD) à la chancellerie et Friedrich Merz à la présidence de la CDU, le « merkélisme » n’est donc pas là où on pouvait l’attendre. Bien que social-démocrate, le nouveau chef du gouvernement est en effet beaucoup plus proche de l’ex-chancelière que ne l’est le nouvel homme fort du parti que celle-ci a présidé pendant dix-huit ans. En cela, la victoire de Friedrich Merz n’est pas seulement celle de la persévérance : elle a aussi un sérieux goût de revanche.
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