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Affaire Theranos : « Si Elizabeth Holmes est acquittée, rien ne changera dans la culture de la Silicon Valley »

Elizabeth Holmes, fondatrice de Theranos, au tribunal de San José, en Californie, le 22 novembre 2021. AMY OSBORNE / AFP

Double lauréat du prix Pulitzer, John Carreyrou, fils du journaliste français de radio-télévision Gérard Carreyrou, a suivi le procès d’Elizabeth Holmes qui s’est ouvert le 8 septembre devant le tribunal fédéral de San José (Californie). Après les plaidoiries finales, vendredi 17 décembre, le verdict a été mis en délibéré. M. Carreyrou a révélé le 16 octobre 2015, dans le Wall Street Journal, que le laboratoire mentait sur la fiabilité de ses machines et avait recours à des appareils concurrents.

Après ce procès, quel est votre pronostic ? Vous avez l’impression que le jury pourrait être partagé ?

C’est possible. Le témoignage d’Elizabeth Holmes, le 29 novembre, a eu beaucoup d’impact. Pendant plus d’une heure, elle a raconté la manière dont son compagnon Sunny Balwani l’a abusée, sur le plan psychologique et sur le plan sexuel. Elle l’a carrément accusé de violences sexuelles. Elle a pleuré. On ne sait pas ce qu’il en est, mais elle avait l’air assez sincère. Cela a clairement eu un effet sur les jurés. Je ne sais pas s’il a été tel qu’ils en oublient les autres témoins, mais elle a marqué des points importants. Ce jour-là, je me suis demandé : va-t-elle être acquittée ?

Le lendemain, il y a eu le contre-interrogatoire, et des moments difficiles pour elle. L’équilibre a été un peu restauré. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas un peu angoissé quant à ce que va décider le jury. Il peut y avoir trois scénarios : elle peut être acquittée, reconnue coupable, ou le jury n’arrive pas à se mettre d’accord sur un verdict (hung jury). J’espère en tout cas qu’elle ne sera pas acquittée.

Quels moments ont été difficiles ?

Le procureur lui a posé des questions sur la manière dont elle a essayé d’empêcher la publication de mon article en 2015, d’intimider mes sources en les faisant suivre par des détectives privés, la manière dont elle les a menacées de procès. Le but était de montrer que cette jeune femme, qui apparaissait si fragile et si émotionnelle le jour d’avant, avait agi de manière très agressive quand elle s’était trouvée sous la menace des révélations de lanceurs d’alerte.

Par ailleurs, elle a dû reconnaître que c’est elle qui a modifié les dépliants sur Theranos envoyés aux investisseurs potentiels ; elle qui a ajouté le logo d’entreprises comme Pfizer sans leur demander la permission ; elle qui a enlevé certaines phrases du document qui ne lui étaient pas assez favorables. Le jury a pu voir que ce n’était pas la même personne. Quand son avocat l’interrogeait, elle a présenté l’image d’une ingénue fragile. Mais elle peut aussi être brutale et agressive.

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