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A Hongkong, un scrutin verrouillé par Pékin

La présidente du parti Democratic Alliance for the Betterment and Progress of Hongkong, Starry Lee Wai-king (au centre), lors d’un meeting de campagne,  à Hongkong, le 5 décembre 2021. KIN CHEUNG / AP

Les Hongkongais sont appelés, dimanche 19 décembre, à voter pour leur Parlement, le Conseil législatif (Legco), qui sera pour la première fois composé exclusivement de « patriotes », au sens entendu par le Parti communiste chinois. Les autres, c’est-à-dire la quasi-totalité des candidats de l’opposition qui avaient prévu de se présenter au scrutin, sont actuellement derrière les barreaux, en liberté sous caution, ou en exil. Et seuls trois des quelque 150 candidats en lice pour les 90 sièges se déclarent d’obédience « prodémocratique ».

Dix mille policiers, soit près d’un tiers de la force, vont être déployés pour veiller à ce que le vote se déroule sans encombre. La précaution peut paraître exagérée au vu du désintérêt général des Hongkongais à l’égard de ces élections, qu’ils risquent fort de bouder en masse, en dépit de la vaste campagne de publicité les encourageant à y participer.

« De notre point de vue, ce ne sont pas de vraies élections. Le nouveau code électoral bafoue tout ce qui constitue un vrai scrutin. Le fait que la nouvelle répartition des sièges ait été désirée, décidée et imposée par Pékin montre bien qu’on ne respecte plus le principe [de la Basic Law, la mini-Constitution] : Hongkong gouverné par des Hongkongais” », déclare au Monde un ancien conseiller de district du Parti démocratique. Comme beaucoup d’autres, il a démissionné de ses fonctions politiques « pour protéger sa famille ».

Refonte radicale du Parlement régional

Quand l’ancienne colonie britannique a été rendue à la République populaire de Chine en 1997, Hongkong devait jouir d’un « haut degré d’autonomie », selon le principe « Un pays deux systèmes », pendant au moins cinquante ans. Mais sans attendre 2047, la Chine a, en moins de deux ans, imposé un contrôle serré de sa petite région administrative spéciale. Conséquence, le concept de « Hongkong géré par les gens de Hongkong » a été remplacé par « Hongkong géré par des patriotes ». Carrie Lam, la chef de l’exécutif, ne parle plus que de démocratie « améliorée ».

Le nouveau code électoral, introduit en mars, a imposé une refonte radicale de la composition du Legco. Si l’augmentation du nombre de sièges, passé de 70 à 90, peut paraître à première vue plus démocratique, c’est l’inverse qui s’est produit : les 35 sièges élus au suffrage universel direct ont été réduits à 20. Quant aux autres 35 sièges, réservés à des corporations professionnelles, ils étaient déjà largement acquis au camp pro-Pékin et ne représentaient aucune menace. Le pouvoir chinois les a pourtant légèrement réduits, de 35 à 30, car ils donnaient sans doute encore trop d’influence aux grandes familles de Hongkong, que Pékin entend également mieux contrôler.

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