Le Royaume-Uni a signé jeudi l’accord de libre-échange post-Brexit avec l’Australie, un compromis qui devrait lui ouvrir les portes de la région Asie-Pacifique, mais critiqué pour un bénéfice incertain et son impact environnemental.
L’accord « historique » ratifié lors d’une cérémonie virtuelle a fait l’objet d’un accord de principe en juin entre le Premier ministre britannique Boris Johnson et son homologue australien Scott Morrison, et « les négociateurs ont maintenant finalisé tous les chapitres », selon un communiqué du ministère britannique du Commerce international.
Il s’agit du premier accord obtenu par Londres depuis sa sortie de l’Union européenne, effective depuis le 1er janvier, à ne pas être simplement un renouvellement ou une adaptation de ceux qui existent entre l’UE et d’autres pays.
Le texte, qui sera soumis à l’examen des parlementaires à Westminster, doit générer « 10,4 milliards de livres supplémentaires d’échanges commerciaux (…) en éliminant les droits de douane sur 100% de [leurs] exportations ».
Les échanges commerciaux entre les deux pays représentaient 13,9 milliards de livres en 2020, soit à peine plus de 1% du total des échanges commerciaux britanniques.
L’accord établit « de nouvelles normes mondiales dans le numérique et les services, créera de nouvelles opportunités de travail et voyages pour les Britanniques et les Australiens », souligne le gouvernement britannique.
Londres vante un texte « fait sur mesure pour l’économie britannique » notamment dans les domaines où le pays est « un leader mondial, comme la technologie et le numérique ».
Les professionnels britanniques du secteur des services, notamment les architectes, avocats ou chercheurs, auront accès à des visas de travail en Australie: « c’est plus que l’Australie a jamais offert à un autre pays dans un accord de libre-échange », se félicite le ministère du Commerce international.
Ce compromis « dope nos chances de rejoindre le traité commercial transpacifique (CPTPP) », qui regroupe onze pays d’Amérique et d’Asie et pèse « 8.400 milliards de livres en PIB ».
Le président de l’organisation patronale CBI, Karan Bilimorian a salué un accord « complet et moderne », qui « ouvre de nouvelles frontières pour les entreprises britanniques ».
– Inquiétude des éleveurs –
Le Royaume-Uni a déjà obtenu des accords avec l’UE, de loin son premier partenaire commercial, le Japon, la Nouvelle-Zélande, ou encore avec des pays européens non-membres de l’UE, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein.
Le pays discute avec l’Inde et a lancé début octobre les négociations pour un accord de libre-échange avec les six pays arabes du Golfe et cherche aussi à renforcer ses liens commerciaux avec les États-Unis, sans avoir pu décrocher pour l’heure de promesse de Washington.
Boris Johnson avait appelé à quitter l’UE en promettant que le Royaume-Uni aurait plus de potentiel économique en faisant cavalier seul, vantant son concept de « Global Britain », ou « Grande-Bretagne planétaire ».
L’ONG Greenpeace a pour sa part déploré un accord au texte « pas encore publié » et qui aura « non seulement l’un des pires impacts sur le climat mais avec un pays qui est l’un des principaux centres mondiaux de déforestation », ce qui va à l’encontre des objectifs environnementaux britanniques de Londres, qui vise la neutralité carbone en 2050.
Pendant les négociations entre les deux pays, le secteur agricole britannique s’était inquiété de la concurrence des produits australiens, comme le bœuf et l’agneau, moins chers avec un élevage plus industriel aux normes sanitaires plus souples.
Pour rassurer les éleveurs, le texte prévoit une limite sur les importations sur le sol britannique sans droits de douane pendant 15 ans, par le biais notamment de quotas, affirmait en juin le gouvernement britannique, qui n’a pas fourni de détails sur le volet agricole dans son communiqué de jeudi.
Londres et Canberra avaient indiqué vouloir approfondir leur coopération également sur le volet de la sécurité, comme en témoigne le partenariat conclu entre les États-Unis, baptisé AUKUS, qui a déclenché la colère de Paris en annulant de facto un contrat pour l’achat de sous-marins français d’une valeur de 55 milliards d’euros avec les Australiens.
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