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En Inde, Narendra Modi fait des vagues en plongeant dans les eaux sacrées du Gange

LETTRE DE NEW DELHI

Narendra Modi à l’inauguration du Kashi Vishwanath Dham Corridor, à Varanasi (Inde), le 13 décembre 2021. RAJESH KUMAR SINGH / AP

La cérémonie a duré des heures. Retransmise en direct par toutes les chaînes de télévision indiennes. Narendra Modi, accompagné de ministres et membres du Parti du peuple indien (BJP), le parti au pouvoir, a inauguré lundi 13 décembre à Varanasi, l’ancienne Bénarès, un corridor qui doit permettre aux pèlerins de rallier le temple de Kashi Vishwanath au Gange. Au fil du temps, la connexion avait été entravée par des constructions anarchiques. Il s’agit de la première phase d’un projet qui s’étend sur une superficie de 5 000 hectares et doit restaurer la gloire perdue de la ville sainte – elle attire 7 millions de pèlerins par an – à travers 24 bâtiments et 27 temples.

Le premier ministre a d’abord effectué une prière dans un temple, répandu des pétales de fleurs sur les ouvriers, avant de descendre vers le Gange et de s’immerger totalement dans le fleuve, entièrement vêtu de safran, une couleur fortement associée à l’hindouisme. Il a récité des mantras sur un chapelet, recueilli de l’eau du fleuve sacré pour l’apporter au temple de Kashi, l’un des plus vieux mandirs hindous, dédié à Shiva, le dieu de la destruction, où il a effectué de nouvelles prières, le front totalement barré du signe hindou, couleur or, comme sa tenue. Il s’est changé quatre fois dans la journée – l’homme apporte un soin extrême à son apparence.

Des célébrations religieuses sur les bords du Gange après l’inauguration du Kashi Vishwanath Dham Corridor, à Varanasi (Inde), le 13 décembre 2021. RAJESH KUMAR SINGH / AP

Pour expliquer la débauche de moyens de l’Etat, les observateurs ont bien relevé que Varanasi fait partie de la circonscription électorale de Narendra Modi et sera soumis, comme tout l’Uttar Pradesh, à un scrutin régional déterminant dans quelques semaines. Mais Varanasi n’est pas la première gigantesque cérémonie religieuse organisée par le pouvoir. Modi s’était déjà livré à un rituel impressionnant pour la pose de la première pierre du temple de Ram à Ayodhya, l’un des projets les plus controversés de l’histoire, en lieu et place d’une mosquée. On l’a vu allongé de tout son long au sol, en prière. A la veille du scrutin de 2019, il avait été méditer dans une grotte dans l’Himalaya, drapé dans une couverture safran, sous les objectifs des caméras. L’homme fort de l’Inde ne cesse d’entremêler politique et religion.

Comme une vengeance sur l’histoire

« Jusqu’à l’arrivée de M. Modi, aucun premier ministre indien n’avait jamais transformé l’acte de prière en un spectacle télévisé d’une telle ampleur. Et même le BJP, le parti de l’hindouité [hindutva], était moins exubérant dans ses efforts pour combiner religion et politique qu’il ne l’est sous l’ère Modi », note Vir Sanghvi, un journaliste, dans une tribune publiée par NDTV, avant de souligner que l’opposition elle-même est entraînée dans cette surenchère de démonstration religieuse par « peur d’être traitée d’anti-hindous ».

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