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Au Brésil, un juge évangélique fait son entrée à la Cour suprême

André Mendonça, nouveau juge du Tribunal suprême fédéral (STF), à sa cérémonie d’investiture, à Brasilia, le 16 décembre 2021. SERGIO LIMA / AFP

Il n’aurait manqué cela pour rien au monde. Jair Bolsonaro était bien présent, jeudi 16 décembre, afin d’assister à la cérémonie d’investiture d’André Mendonça, nouveau juge du Tribunal suprême fédéral (STF). Pour l’occasion, le président du Brésil s’est plié à l’obligation d’un test PCR et a accepté de porter un masque. Une rareté pour ce covidosceptique, qui refuse obstinément de se faire vacciner. Et une preuve de l’importance prêtée à l’événement.

M. Bolsonaro n’a pas manqué de le rappeler : l’entrée de ce juriste de 48 ans, ancien avocat général de l’Union, chargé de la défense des intérêts juridiques de l’Etat, est une sacrée victoire politique. André Mendonça, non content d’être un conservateur et un proche du président, est d’abord et surtout pasteur presbytérien. Le leader d’extrême droite remplit ainsi l’une de ses promesses de campagne : nommer un juge « terriblement évangélique » au sein de la plus haute instance du pouvoir judiciaire brésilien.

L’intéressé a prêté serment face à ses dix collègues et une soixantaine de hauts dignitaires de l’Etat. « J’espère être utile à la justice brésilienne et au Tribunal suprême fédéral et être, au cours de ces années, un nouveau serviteur et un ministre qui aide à consolider la démocratie », a déclaré M. Mendonça à la presse, après avoir prêté serment et revêtu la traditionnelle toge noire des « sages » de Brasilia.

Opposition d’une partie du Sénat

Le pasteur occupera le siège laissé vacant par le juge Marco Aurélio Mello, atteint en juillet par la limite d’âge de l’institution (fixée à 75 ans). Il aura fallu bien des efforts pour en arriver là. A la différence du consensuel juge Kassio Nunes Marques, désigné fin 2020, la candidature d’André Mendonça s’est heurtée à l’opposition farouche d’une bonne partie du Sénat (chargé d’approuver le candidat proposé par le président). Son audition est demeurée bloquée durant des mois.

Le vote a finalement eu lieu le 1er décembre, M. Mendonça l’emportant par seulement 47 voix contre 32, soit le plus mauvais score jamais obtenu pour une telle nomination. Le pasteur n’avait cependant pas ménagé ses efforts afin de charmer les sénateurs, allant jusqu’à recourir à des implants capillaires et à modérer considérablement son discours. « Dans la vie, [je suis] la Bible et au Suprême, la Constitution », a-t-il promis durant son audition, assurant qu’il défendrait l’Etat laïc, la séparation des pouvoirs et même l’union civile pour les couples de même sexe, autorisée depuis 2013.

Mais son naturel l’a rapidement rattrapé. A peine approuvé par le Sénat, André Mendonça s’est empressé de traverser la place des Trois-Pouvoirs de Brasilia afin de saluer Jair Bolsonaro, posant hilare à ses côtés dans le palais présidentiel du Planalto. Tant pis pour la séparation des pouvoirs. Tant pis, aussi, pour la laïcité. « Ma première réaction est de rendre gloire à Dieu (…) c’est un petit pas pour l’homme, mais un bond pour les évangéliques ! », s’est réjoui le pasteur durant son discours de victoire.

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