Ils auront pour mission de comprendre les causes, encore floues, du drame qui a coûté la vie à vingt-sept migrants mercredi 24 novembre dans la Manche. Des juges d’instruction de la juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée, basée à Paris, se sont vu confier l’enquête sur le naufrage vendredi 17 décembre, a fait savoir le parquet de Paris. Une information judiciaire a été ouverte notamment pour les chefs d’« homicides involontaires, blessures involontaires, mise en danger d’autrui, aide à l’entrée et au séjour d’un étranger en France en bande organisée », a précisé le parquet.
En début de semaine, les corps retrouvés après le naufrage avaient été identifiés. Il s’agit de seize Kurdes d’Irak, d’un Kurde d’Iran, de quatre Afghans, de trois Éthiopiens, d’une Somalienne, d’un Égyptien et d’un Vietnamien. C’étaient des femmes de 22 à 46 ans, des hommes de 19 à 46 ans, un adolescent de 16 ans et une enfant de 7 ans. Deux hommes seulement, un Kurde irakien et un Soudanais selon le ministère de l’Intérieur, ont pu être secourus.
Les survivants disent avoir appelé à l’aide
Selon l’enquête, les migrants seraient partis à bord d’un bateau pneumatique « en fin de nuit » de Loon-Plage, près de Grande-Synthe (Nord), où campent de nombreux exilés sur le littoral. Des questions se posent sur les appels qu’ont passés les migrants aux autorités françaises et anglaises, quand leur embarcation de fortune a commencé à couler.
Dans un entretien avec la chaîne kurde irakienne Rudaw, le rescapé kurde irakien a affirmé qu’alors que le bateau commençait à se dégonfler des passagers avaient appelé en vain les autorités britanniques et françaises pour obtenir de l’aide. La préfecture maritime de la Manche avait exclu que l’appel des migrants en difficulté n’ait pas été traité, mais une enquête du Monde relate que les appels évoqués par les migrants apparaissent bien dans les factures téléphoniques détaillées extraites par les policiers.
Multiplication des tentatives de traversée
Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, ce naufrage est le « pire accident » depuis l’augmentation importante, en 2018, des traversées migratoires en raison du verrouillage croissant du port de Calais et d’Eurotunnel, emprunté jusque-là par les migrants tentant de rallier l’Angleterre.
Les tentatives de traversée migratoire de la Manche à bord de petites embarcations ont doublé ces trois derniers mois, avait mis en garde, le 19 novembre, le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Philippe Dutrieux. Au 20 novembre, 31 500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l’année et 7 800 migrants avaient été sauvés, avait-il affirmé. Selon Londres, 22 000 migrants ont réussi la traversée sur les dix premiers mois de l’année. L’agence britannique Press Association a estimé ce chiffre à plus de 25 700, soit trois fois plus que sur toute l’année 2020.
M. Dutrieux expliquait notamment ce phénomène par « le cynisme des organisations qui sont derrière ces passages, qui jettent à l’eau des migrants parce que c’est une entreprise qui rapporte bien ». Quatre arrestations avaient été annoncées par les autorités françaises dans la foulée du naufrage pour leur implication présumée dans l’incident.
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