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Présidentielle au Chili : “une campagne assez sale” avant le deuxième tour

Publié le : 16/12/2021 – 15:44

Les Chiliens doivent choisir dimanche, pour le second tour de la présidentielle, entre le candidat de gauche Gabriel Boric et celui d’extrême droite José Antonio Kast, vainqueur du premier tour. Ce dernier multiplie depuis quatre semaines les attaques personnelles et les fausses informations pour tenter de remporter ce scrutin dont l’issue reste très incertaine.

« Pour dissiper les doutes du candidat d’extrême droite, voici les résultats de mon test de dépistage de drogue. Stop aux mensonges ». Gabriel Boric a choisi de poster, mardi 14 décembre, des analyses réalisées début novembre par un laboratoire de la capitale chilienne indiquant que ni cannabis, ​cocaïne ou amphétamine n’ont été détectés.

La veille, Gabriel Boric avait présenté ce même document lors d’un débat télévisé avec son rival José Antonio Kast alors que les deux hommes étaient interrogés sur leurs mesures en matière de lutte contre le trafic de drogue. Kast venait de regretter que son adversaire n’ait pas accepté de se soumettre à un dépistage. 

C’est dans ce contexte que les Chiliens sont appelés, dimanche 19 décembre, à élire leur futur président. Les attaques du populiste José Antonio Kast ont d’ailleurs amené Gabriel Boric, âgé de 35 ans, à déplorer la « campagne sale » du candidat d’extrême droite ponctuée de nombreuses fausses informations qui n’ont pas résisté au travail de vérification réalisé par différents journalistes.

Lors d’un débat précédent, Kast, un avocat de 55 ans qui a décroché quatre mandats de député, avait déjà sévi en évoquant une plainte pour agression déposée par une jeune femme contre Boric, avant de s’excuser le lendemain pour le terme employé et d’indiquer qu’il voulait en fait parler d’une affaire d’harcèlement. La victime avait ensuite précisé avoir reçu des excuses de la part de Boric pour des « attitudes machistes » tout en déplorant la récupération politique faite par son adversaire. 

Un défenseur de Pinochet

« Le candidat Kast a mené une campagne assez sale de disqualification, en s’en prenant plus à la personnalité de Boric qu’à son programme. C’est très nouveau pour le Chili », explique à France 24 Pamela Figueroa Rubio, politologue à l’université Santiago du Chili (USACH). Et ses partisans se sont chargés de partager ces attaques le plus possible pour tenter de décrédibiliser le candidat de la gauche, qui a tenté d’y répondre en faisant preuve de transparence. Il avait déjà agi ainsi en 2018, lorsqu’il était député, en avouant publiquement avoir fait un séjour dans un hôpital psychiatrique pour traiter des troubles obsessionnels compulsifs. Depuis, ses détracteurs aiment affirmer qu’il souffre de bipolarité.

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À ces attaques ad hominem se sont ajoutées de nombreuses déclarations mensongères de la part de Kast qui a, par exemple, nié avoir dénoncé la « dictature gay » au Chili. Les médias n’ont pas eu beaucoup de mal à retrouver un tweet datant de 2017 dans lequel Kast, opposé au projet de légalisation du mariage gay, avait publié une photo du palais présidentiel de La Moneda illuminé avec les couleurs arc-en-ciel en rappelant alors que les institutions publiques appartenaient à tous les Chiliens et non aux minorités. Un mariage pour tous qui vient d’ailleurs d’être validé par le Parlement chilien.

Vainqueur du premier tour, Kast a enregistré le soutien des formations de centre-droit du pays. Et il a fait preuve de prudence au cours des dernières semaines pour tenter de séduire un électorat encore plus large, en gommant notamment certaines positions très conservatrices. Il est ainsi revenu ainsi sur son idée de supprimer le ministère de la femme et de la parité des genres, une promesse de campagne qu’il qualifie désormais « d’erreur ».

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Il a également évité d’évoquer Augusto Pinochet, un homme dont il a souvent défendu le bilan économique. En 2017, alors qu’il se présentait pour la première fois à la présidentielle, il avait d’ailleurs estimé que si l’ancien dictateur, décédé dix ans plus tôt, aurait voté pour lui.

Le soutien de Michelle Bachelet

Les différentes confrontations organisées ces quatre dernières semaines ont tout de même permis aux deux hommes de parler de leurs idées, notamment en matière d’économie, où la vision d’une plus grande implication de l’État dans certains secteurs défendue par Boric se heurte aux thèses libérales de Kast. « Cette élection présidentielle marque une transition vers un nouveau cycle politique car le président élu va devoir accompagner l’Assemblée constituante et le processus de rédaction d’une nouvelle Constitution », ajoute Pamela Figueroa Rubio.

À cet égard, le progressiste Gabriel Boric semble le mieux placé. Pour parvenir à gagner ce deuxième tour, il a joué la carte du rassemblement, en recueillant des soutiens politiques de poids. L’ancienne présidente chilienne Michelle Bachelet a ainsi appelé à voter pour lui. En tant que dirigeant syndical étudiant, Boric n’avait pourtant pas ménagé ses critiques au début des années 2 000 contre la coalition de centre-gauche au pouvoir.

« Ce soutien peut avoir un impact important pour celles et ceux qui doutent de la capacité de Boris à gouverner », estime Pamela Figueroa Rubio, en soulignant la popularité dont jouit toujours Bachelet après deux mandats présidentiels. De nombreux membres de la scène culturelle ou intellectuelle chilienne se sont également engagées dans cette campagne pour inciter les nombreux abstentionnistes du premier tour à voter dimanche et à faire le choix de Gabriel Boric. Une mobilisation qui  peut s’avérer cruciale tant l’incertitude règne quant au nom du gagnant de cette élection.   

Un soutien international pour Boric

Différentes personnalités comme les acteurs Gael Garcia Bernal et Danny Glover, le philosophe Slavoj Zizek ou le musicien Roger Waters ont appelé à voter pour Boric. En France, une « déclaration d’amitié au peuple chilien » a notamment recueilli les signatures de personnalités influentes du monde de la culture ainsi que celles de quatre candidats à la présidentielle : Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Anne Hidalgo et Yannick Jadot. 

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