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La délicate adaptation de « Barkhane » face à l’expansion djihadiste vers le golfe de Guinée

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Cérémonie marquant le retrait des soldats français de la base de Tombouctou, au Mali, le 14 décembre. ANNIE RISEMBERG POUR « LE MONDE »

L’enjeu est désormais clairement affiché par l’état-major des armées : c’est au sud du Sahel que doit se concentrer la lutte contre le terrorisme. Le Mali n’est plus le territoire principal d’intervention et c’est la menace d’expansion du djihadisme vers le golfe de Guinée qu’il convient de contrer en premier lieu. Alors que les quelque 425 militaires français de l’opération « Barkhane », qui étaient encore déployés dans le nord du Mali, ont fini, mardi 14 décembre, par quitter officiellement Tombouctou – dernière de leurs trois bases dans la région –, ce qui était une réalité de fait depuis de longs mois devient une priorité assumée.

« L’agenda du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [version locale d’Al-Qaida] est clair et annoncé : aller vers le golfe de Guinée, a-t-on ainsi justifié, mardi, à l’état-major des armées. Hier, c’était une tentative de territorialisation dans la zone des trois frontières, aujourd’hui c’est une dissémination vers le sud et vers l’ouest. » Une menace déjà concrète au Niger, au Burkina Faso, dans le nord de la Côte d’Ivoire – des engins explosifs improvisés ont explosé récemment – et qui se matérialise aussi au Bénin. Le 2 décembre, l’armée y a connu sa première attaque terroriste : deux soldats ont été tués.

Cette alerte sur les risques d’expansion du djihadisme vers le golfe de Guinée n’est pas nouvelle. « Les terroristes financent déjà des hommes qui se disséminent en Côte d’Ivoire et au Bénin », soulignait, dès février, le patron de la direction générale du renseignement extérieur français, Bernard Emié, lors d’une rare prise de parole publique. Mais c’est seulement en juillet, un mois après avoir annoncé la « fin de “Barkhane” » dans son format initial, que le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, avait formellement assumé cette bascule : « L’erreur aurait été de nous attarder dans un schéma qui ne correspond plus ni à la géographie ni au mode de dissémination de la menace », avait-il déclaré à l’occasion d’un sommet du G5 Sahel réunissant les principaux pays jusque-là concernés par l’action de la France : Mauritanie, Tchad, Mali, Niger et Burkina Faso.

Un réservoir opérationnel

Concrètement, dans la nouvelle configuration de « Barkhane » – historiquement organisée autour de trois pôles (N’Djamena au Tchad, Gao au Mali et Niamey au Niger) –, le rôle de la base de la capitale nigérienne, où sont déjà implantés les Etats-Unis, sera renforcé. Niamey, où sont stationnés une bonne partie des moyens aériens français, sera le principal point de jonction entre les actions d’appui aérien de « Barkhane » – que l’état-major des armées dit vouloir poursuivre pour rassurer les armées du Sahel – et les nouveaux efforts de lutte antiterroriste orientés vers le Sud.

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