Fragilisé par des scandales en rafales, le gouvernement du premier ministre britannique Boris Johnson a réussi, mardi 14 décembre, à faire adopter au Parlement ses mesures visant à enrayer la propagation du variant Omicron, malgré la fronde de sa majorité – d’une ampleur inédite.
Le Royaume-Uni, l’un des pays d’Europe les plus touchés par la pandémie (plus de 146 500 morts), est confronté à un « raz-de-marée », selon M. Johnson, de cas liés au nouveau variant du coronavirus, très transmissible, qu’il tente d’endiguer par une campagne de rappel vaccinal sans précédent.
Pour éviter que les hôpitaux ne soient submergés, M. Johnson a annoncé de nouvelles restrictions : tests quotidiens pour les cas contacts, télétravail, port du masque en intérieur et passe sanitaire obligatoire lors des grands événements. Cette dernière mesure, particulièrement critiquée par les députés de la majorité conservatrice, les tories, qui la jugent liberticide et néfaste pour l’économie, a finalement été adoptée à 369 votes contre 126.
Une victoire en demi-teinte pour le premier ministre, devant l’ampleur de la rébellion de son camp : au moins 97 élus ont voté contre cette mesure, c’est-à-dire bien plus que la soixantaine initialement prévue, du jamais-vu pour le dirigeant conservateur.
Mesures « discriminatoires »
Ce vent de révolte ne pouvait tomber plus mal pour M. Johnson. Deux ans après sa victoire électorale historique avec la promesse de réaliser le Brexit, le premier ministre voit sa popularité dans les sondages s’effondrer et les appels à la démission se multiplier après une série de scandales.
Les Britanniques lui reprochent des événements tenus à Downing Street en décembre 2020, quand la population était prié de limiter à l’extrême les interactions sociales : un quiz en ligne auquel a participé M. Johnson, entouré de collaborateurs, et une fête réunissant une partie du personnel.
Ces révélations liées au non-respect des règles sanitaires s’ajoutent aussi à de nombreuses accusations de corruption et de copinage, qui pourraient encourager les appels à un vote de défiance au sein du Parti conservateur. Mardi après-midi, la confrontation avec les tories a été houleuse.
Mesures jugées « discriminatoires »
Les mesures du gouvernement reflètent un « changement permanent dans la compréhension de ce qu’est la liberté dans ce pays », a ainsi dénoncé l’élue conservatrice Miriam Cates, appelant à revenir à une société « de liberté et de responsabilité ». Rendre le masque obligatoire à l’intérieur enverrait selon elle un signal « de panique », alors que certaines écoles ferment déjà tôt pour les vacances. Elle a aussi fait part de son intention de s’opposer aux passes sanitaires, les estimant « discriminatoires ».
Son collègue Anthony Mangnall a ajouté qu’il était opposé également à la vaccination obligatoire pour tout le service de santé public britannique. « Nous ne pouvons pas continuer à terrifier les gens », a-t-il affirmé, « stupéfié » par la façon dont le gouvernement a utilisé la peur ces dernières semaines pour persuader le public.
Grâce à l’aide de l’opposition travailliste, toutes les mesures du gouvernement ont finalement été adoptées, mardi. Elles s’ajouteront à la fin des très dures restrictions imposées aux arrivées en provenance de onze pays africains, dont l’Afrique du Sud, annoncée plus tôt dans la journée par le ministre de la santé, Sajid Javid, afin d’adoucir les élus en colère. Ce dernier a tenté de convaincre les députés que les nouvelles mesures étaient « équilibrées et proportionnées » face au variant Omicron, qui contaminerait selon lui déjà 200 000 personnes chaque jour, soulignant qu’elles étaient « beaucoup moins » drastiques « que celles instaurées dans la plupart des pays d’Europe ».
Le monde du spectacle touché
Au Royaume-Uni, la nouvelle vague de contaminations se faire déjà sentir dans le monde du spectacle, où plusieurs comédies musicales courues, comme Le Roi Lion ou L’Odyssée de Pi, ont dû annuler des représentations à cause de cas dans leurs équipes.
Le football anglais se retrouve lui aussi fortement touché : la Premier League a enregistré lundi 42 nouveaux cas de Covid-19, un record depuis que les résultats des tests ont commencé à être publiés, en mai 2020.
En Ecosse, la première ministre, Nicola Sturgeon, a aussi mis en garde contre une large augmentation des cas, expliquant que deux personnes contaminées par le variant Omicron avaient été hospitalisées. « Nous ne vous demandons pas d’annuler ou de changer vos projets pour Noël », a-t-elle affirmé, invitant toutefois les Ecossais à « limiter leurs interactions sociales à l’intérieur » à un maximum de trois foyers.
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