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L’enquête suisse contre Juan Carlos, l’ex-roi d’Espagne, classée sans suite

L’ex-roi d’Espagne, Juan Carlos, à Santiago, où il a rencontré le président chilien Sebastian Piñera, le 10 mars 2018. ESTEBAN FELIX / AP

L’étau se desserre autour de Juan Carlos. La justice suisse a annoncé, lundi 13 décembre, le classement de l’enquête menée depuis trois ans contre l’ancien monarque espagnol, portant sur les 100 millions de dollars qu’il a perçus en 2008 de l’Arabie saoudite sur un compte de la banque Mirabaud. A défaut de pouvoir démontrer l’origine illégale de la somme – , un simple « cadeau » selon les proches du roi émérite –, et d’établir un lien avec le contrat du « train du désert », – la construction d’une ligne à grande vitesse entre Médine et La Mecque, obtenu par un consortium espagnol –, l’affaire est close.

Le parquet de Genève a cependant évoqué, dans un communiqué « une volonté de dissimulation ». « Les montants concernés, l’origine des avoirs, l’absence de documentation adéquate justifiant les transferts, les prétendues donations successives (…) ainsi que la chronologie des événements constituaient des indices à charge des prévenus », a rappelé le parquet.

A aucun moment, Juan Carlos, parti s’installer à Abou Dhabi en août 2020, – poussé à l’exil par son fils, Felipe VI, désireux de se protéger des retombées possibles de ces scandales –, n’a été appelé à témoigner par la justice suisse.

Trois enquêtes judiciaires sont encore en cours en Espagne concernant la fortune du monarque, âgé de 83 ans. Cependant, selon la presse espagnole, elles pourraient être, aussi classées sans suite. L’investigation portant sur de présumées commissions liées au « train du désert » se heurte à l’inviolabilité dont bénéficiait Juan Carlos jusqu’à son abdication en 2014. La régularisation fiscale volontaire effectuée par Juan Carlos entre décembre 2020 et février 2021, avec le paiement de plus de 4 millions d’euros au Trésor public devrait mettre fin à l’enquête sur des donations non déclarées au fisc espagnol.

Plainte pour « harcèlement »

Quant aux poursuites contre son ancienne maîtresse, Corinna zu Sayn-Wittgenstein, pour un présumé délit de blanchiment, liés à des virements reçus de plusieurs pays du Golfe, elles ont aussi été levées. Elle s’en est félicitée tout en rappelant que « les responsables, quant à eux, n’ont fait l’objet d’aucune enquête et on leur a laissé du temps pour dissimuler leurs activités ». En 2012, en pleine tempête médiatique liée à la partie de chasse à l’éléphant au Botswana à laquelle Juan Carlos avait participé en secret, elle avait reçu de l’ancien roi d’Espagne près de 65 millions d’euros sur un compte aux Bahamas.

Juan Carlos, a fait savoir à des proches son souhait de rentrer en Espagne, bien que les relations avec sa famille, y compris son fils, soient rompues. Avant cela, il attendra sans doute le dénouement de la dernière procédure menée à son encontre au Royaume-Uni, après la plainte pour « harcèlement » déposée à Londres par son ancienne amante. Avant, éventuellement de se pencher sur le fond de l’affaire, la justice britannique devra trancher dans les prochaines semaines si Juan Carlos jouit toujours ou non de son immunité de chef d’Etat. Au quel cas, l’affaire serait aussi classée.

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