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La Russie bloque l’introduction du climat dans le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU

Dans un camp à Beledweyne, en Somalie, le 14 décembre 2019. Les pluies ont inondé de grandes zones autour de la région, forçant des milliers de personnes à quitter leurs maisons. LUIS TATO / AFP

Un projet de résolution, visant à élargir le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU à plusieurs questions de paix et de sécurité liées au changement climatique, et soutenu par la majorité de la communauté internationale, a été écarté lundi 13 décembre. La Russie y a opposé son droit de veto, bien que 12 des 15 membres y soient favorables.

« Le temps ne joue pas en notre faveur », avait déclaré avant le vote Geraldine Byrne Nason, l’ambassadrice de l’Irlande, coautrice du texte, le premier sur ce thème jamais soumis au vote au Conseil. « Les changements climatiques sont un amplificateur des facteurs à la base de l’insécurité, a renchéri Abdou Abarry, l’ambassadeur du Niger, l’autre coauteur de la résolution. Parce que nous le vivons au quotidien, nous le disons. » Plus de 70 % de l’agenda du Conseil concerne des dossiers africains, or l’Afrique, et le Sahel surtout, étant particulièrement concernés par le changement climatique, il était important pour le continent africain que le Conseil puisse être enfin saisi pour des crises sécuritaires liées au changement climatique.

Sachant les réserves de la Russie à élargir le mandat du Conseil, ce texte proposait des initiatives modestes, et a été soutenu par 113 pays : la volonté de la majorité de la communauté internationale ne faisait pas de doute. « Il demandait simplement au secrétariat de l’ONU de considérer le changement climatique plus systématiquement, explique Benjamin Pohl, chargé de la diplomatie climatique et de la sécurité au groupe de réflexion Adelphi. Ça ne menaçait personne, ça ne coûtait rien. »

Un texte avant tout symbolique

La résolution réclamait un rapport du secrétaire général d’ici deux ans sur l’influence du changement climatique sur les crises gérées par le Conseil, et plus de formation des équipes chargées du maintien de la paix sur le sujet. La création d’un poste de représentant spécial Climat à l’ONU avait été abandonnée lors de la négociation du texte entre les quinze membres du Conseil de sécurité. « Ce texte était avant tout symbolique, continue Benjamin Pohl. C’était commencer à dire que le changement climatique n’avait pas uniquement un impact sur la santé ou sur l’économie, mais aussi sur la sécurité internationale. »

Il est notoire à l’ONU que la Russie refuse par principe tout élargissement du mandat du Conseil de sécurité, soucieuse de limiter son champ d’action. L’Inde a également voté contre la résolution, arguant que le réchauffement climatique était lié à une question de développement économique. « L’Inde préfère que la question reste l’apanage d’autres instances sur lesquelles elle a un contrôle permanent, plutôt qu’au Conseil, où elle ne siège que jusque l’an prochain », décrypte Ashish Pradhan de l’International Crisis Group. Quant à la Chine, qui d’habitude suit la ligne russe sur le refus d’altérer le mandat du Conseil, elle s’est uniquement abstenue – la majorité des membres du groupe des 77 pays en développement auquel elle appartient ayant soutenu le texte, elle ne pouvait pas aller contre.

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