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Fin de cavale pour le banquier portugais Joao Rendeiro

Joao Rendeiro, en 2005, à Séville, en Espagne. CHEMA MOYA / EPA

Cela faisait près de trois mois qu’il avait pris la fuite afin d’éviter son incarcération. Samedi 11 décembre, le banquier portugais Joao Rendeiro, visé par un mandat d’arrêt international, a finalement été interpellé dans sa fastueuse planque : un hôtel cinq étoiles de Durban, en Afrique du Sud. Sur cet homme de 69 ans, qui se pensait intouchable, pèsent trois condamnations, pour « fraude », « abus de confiance », « faux et blanchiment », pour un total de dix-neuf ans de prison.

Dans l’attente d’être entendu par la justice sud-africaine, qui devra trancher sur la demande d’extradition portugaise, il a été incarcéré dans la prison réputée violente de Westville, où, selon ses avocats, il aurait reçu des menaces. Depuis des mois, les Portugais suivent avec un mélange de fascination et d’indignation ses péripéties, dignes d’une série télévisée.

Pour le président Marcelo Rebelo de Sousa, l’arrestation du banquier est « un moment important pour la justice portugaise (…), parce qu’elle montre que personne n’est au-dessus de la loi ».

Fondateur de la Banque privée portugaise (BPP), une banque d’investissement créée en 1996 et spécialisée dans la gestion des grosses fortunes, ses démêlés avec la justice ont commencé après la faillite de la banque. En 2008, un trou de 700 millions d’euros dans les caisses oblige le gouvernement portugais à intervenir pour recapitaliser l’établissement financier, en pleine crise économique.

Une succession de procès

En 2010, devant l’impossibilité de remettre la banque à flot, celle-ci est finalement liquidée, et plusieurs procédures judiciaires sont lancées contre ses dirigeants, dont M. Rendeiro. Les procès se succèdent alors, sans qu’il ne change son train de vie luxueux, dans sa demeure de la zone résidentielle de Quinta Patiño, à Cascais, ni ne limite ses voyages en Europe ou en Amérique. La justice lui laisse alors la pleine liberté de mouvement, tant qu’aucune condamnation ferme n’est prononcée.

C’est le cas, finalement, en septembre, lorsqu’il écope en deuxième instance de cinq ans et huit mois de prison pour falsification informatique et faux, ayant altéré les comptes de la BPP. Quelques jours plus tard, c’est une peine de trois ans et demi de prison qui est émise pour des « fraudes qualifiées » contre des clients. Alors qu’il a fait appel d’un troisième jugement, qui l’a condamné, en mai, à dix ans de prison pour s’être approprié 13,6 millions d’euros de la banque entre 2003 et 2008 à des fins personnelles, il décide de prendre le large.

Un « bouc émissaire »

Le 28 septembre, alors qu’un ordre d’incarcération semble imminent, le banquier, qui se trouve alors en voyage à Londres, l’annonce sans fard sur son blog, Arma/Critica. Se définissant comme un « bouc émissaire », il prévient ses lecteurs qu’il ne rentrera pas au Portugal. « Mon absence est un acte de légitime défense face à une justice injuste », écrit-il.

Tandis que le Portugal se demande où s’est caché l’ancien banquier, la presse révélant d’importants virements effectués sur un compte en Suisse rattaché à des sociétés offshore, c’est sa femme, Maria de Jesus da Silva Matos, restée à Cascais, qui est prise dans les filets de la justice. Alors qu’elle est censée veiller, depuis 2010, sur les 124 œuvres de la collection d’art contemporain de son époux, afin qu’elles puissent servir à payer les possibles amendes de son mari, il apparaît qu’une quinzaine ont disparu. Huit d’entre elles auraient été vendues aux enchères pour 1,3 million d’euros, dont trois tableaux du célèbre artiste américain Frank Stella.

En novembre, Mme da Silva Matos est assignée à résidence par la justice et doit porter un bracelet électronique pour éviter les risques de fuite. C’est pour prendre sa défense que M. Rendeiro sort de son silence et accorde deux entretiens à des médias portugais, par le biais d’un système de communication crypté, depuis son refuge en Afrique du Sud. Sans doute la principale erreur du plus célèbre fugitif portugais…

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