Un bilan qui pourrait atteindre une centaine de morts, des constructions détruites à perte de vue, des enchevêtrements de gravats : six Etats du centre et du sud des Etats-Unis (Kentucky, Illinois, Arkansas, Missouri, Tennessee et Mississippi) ont été traversés par l’une des pires séries de tornades – une trentaine –- de l’histoire du pays dans la nuit de vendredi 10 à samedi 11 décembre. Retour sur un phénomène exceptionnel.
Comment les tornades se forment-elles ?
Les tornades sont produites par des orages supercellulaires, très violents, plus vastes et durables que ceux classiques. Ces supercellules se forment dans des conditions très instables. D’abord, lorsque de l’air chaud et humide proche de la surface se trouve sous une couche d’air plus frais et sec, dans laquelle la température diminue rapidement avec l’altitude. Ensuite, en présence d’une importante variation de direction et de vitesse du vent avec l’altitude. Ce cisaillement de vent ainsi que le choc thermique entre air chaud et froid provoquent une rotation rapide de la colonne d’air, de la base des nuages vers le sol.
« Dans la nuit de vendredi à samedi, on a enregistré une différence de vitesse des vents de plus de 160 km/h sur la hauteur de l’orage », explique Paul Markowski, professeur de météorologie à l’université de Pennsylvanie et spécialiste des tornades. Les températures étaient en outre particulièrement douces. L’année 2021 a aussi été marquée par un épisode La Niña (refroidissement des eaux du Pacifique équatorial), un phénomène qui tend à augmenter l’intensité des tornades aux Etats-Unis en hiver et au début du printemps.
La série de tornades de vendredi était-elle atypique ?
Les Etats-Unis sont frappés par 1 200 tornades par an en moyenne – un record mondial –, avec une forte variabilité d’une année sur l’autre, selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). Le centre et le sud du pays sont particulièrement touchés en raison de la rencontre entre l’air chaud du golfe du Mexique et les masses froides venues du Canada, sous le vent des montagnes Rocheuses. La majorité de ces tornades survient en mai et en juin. Environ 500 d’entre elles sont classées EF1 ou plus sur l’échelle de Fujita améliorée (0-5) – on commence à voir des dégâts sur les habitations à partir de la catégorie EF1.
« L’événement de vendredi était exceptionnel, assure Harold Brooks, chercheur à la NOAA, tout en précisant que le classement sur l’échelle de Fujita n’a pas encore été établi. Le nombre de morts, bien que non définitif, semble s’établir dans les dix premiers événements sur les soixante-dix dernières années. » L’une des tornades qui a ravagé le Kentucky pourrait avoir battu un record de longueur établi en 1925 (352 kilomètres). Les événements combinant des tornades intenses sont inhabituels pendant les mois d’hiver, car l’air est plus rarement chaud et humide. Lorsqu’ils surviennent en décembre, « ils constituent un défi du point de vue de l’alerte, car le public est moins conscient du risque d’orages dangereux à ce moment-là de l’année et les tornades nocturnes, donc difficiles à voir, sont plus fréquentes du fait de la brièveté des journées », précise Paul Markowski.
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