Pour contenir l’expansion chinoise, les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) lancent des alternatives aux « nouvelles routes de la soie ». Baptisé « Global Gateway » (« portail mondial »), le programme européen, dévoilé le 1er décembre, va mobiliser 300 milliards d’euros sur six ans dans les domaines du numérique, de la santé, du transport, du climat, de l’énergie ou de l’éducation.
Mais ce sont surtout ses principes de fonctionnement qui ont été mis en avant par la présidente de la Commission européenne. Ursula von der Leyen a insisté sur le « haut niveau de transparence, de bonne gouvernance et de qualité », tout en promettant une « approche guidée par la démocratie et ses valeurs » ainsi que des « conditions justes et favorables, afin de limiter le risque de surendettement ». Autant d’arguments qui reprennent en creux les critiques adressées aux « nouvelles routes de la soie » (Belt and Road Initiative, BRI), sans jamais les nommer, à savoir l’opacité des contrats, les projets à l’impact industriel limité, la corruption des élites et le piège de la dette.
Depuis 2013, la Belt and Road Initiative a financé entre 1 000 milliards et 1 300 milliards de dollars (entre 886 milliards et 1 152 milliards d’euros) de projets d’infrastructures, principalement par des prêts. Le niveau d’endettement est si élevé dans certains pays qu’il renforce leur dépendance vis-à-vis de Pékin. Richard Moore, le chef des services de renseignement britanniques, s’est aussi inquiété d’un « piège des données ». « Si vous autorisez un pays à avoir accès à des données sensibles sur votre société, vous n’avez plus de contrôle sur ces données, et cela réduit votre souveraineté », a-t-il expliqué lors d’un entretien accordé à la BBC fin novembre.
« Nous voulons créer des liens, pas des dépendances »
Bruxelles, qui a qualifié le géant asiatique de « rival systémique », veut clairement offrir une alternative à la Belt and Road Initiative, résumée par cette formule de Mme von der Leyen : « Nous voulons créer des liens, pas des dépendances. » Un coup de griffe qui n’a pas échappé à Pékin. « L’intention initiale de l’UE pour ce projet est d’affronter la Chine plutôt que d’apporter un réel soutien aux pays en développement », pouvait-on lire dans l’édition datée du 1er décembre du quotidien nationaliste chinois Global Times.
Alors qu’elle finance l’une des plus grandes banques de développement au monde − la Banque européenne d’investissement – et que son assistance dans ce domaine a atteint les 414 milliards d’euros entre 2013 et 2018, principalement sou forme de dons, l’UE veut faire de Global Gateway un instrument de sa diplomatie pour contrer l’influence de Pékin. « La connectivité a des implications de long terme pour les intérêts économiques, de développement et de sécurité de l’UE, et pour promouvoir ses valeurs dans le monde », écrivait le Conseil européen dans un rapport publié en juillet.
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