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Ukraine : Paris dans « le brouillard » de la guerre hybride russe

Deux avions français, un Mirage 2000 et un Rafale, se ravitaillent en vol, escortés par un Su-27 russe, au-dessus de la mer Noire, le 9 décembre 2021. RUSSIAN DEFENCE MINISTRY / VIA REUTERS

Plus d’un mois après le début de la nouvelle vague de tensions liées au conflit gelé du Donbass, territoire séparatiste de l’Ukraine, le brouillard demeure épais sur les risques d’escalade sur le terrain. Depuis les premières accusations, fin octobre, de déploiement de troupes russes aux frontières de Kiev, venues de confidences américaines au Washington Post, Moscou entretient le doute sur ses intentions tandis que l’Ukraine, soutenue par les Etats-Unis, se défend de toute dramatisation.

Seule certitude : une périlleuse bataille de « communication stratégique » est engagée. Plusieurs sources françaises de haut niveau qui avaient jusque-là gardé le silence, ont confié ces derniers jours leurs inquiétudes sur les évolutions de la situation.

L’accompagnement en vol par des chasseurs russes Su-27 de plusieurs avions français et américains, mercredi 8 et jeudi 9 décembre, engagés dans une mission de renseignement au-dessus de la mer Noire, n’est pas totalement étranger à cette libération de la parole. Alors que le ministère russe de la défense a évoqué, mercredi, une « interception » de ces appareils, sous-entendant qu’ils avaient dû faire demi-tour, l’état-major des armées a démenti, le même jour, expliquant que ses avions avaient juste été approchés par les Su-27 afin d’être filmés – les images ont été diffusées sur les réseaux sociaux – mais que la mission avait pu être menée à bien. Et ce, en partie grâce à un capteur « Astac » visible sur les images, qui permet d’observer jusqu’en Ukraine en restant au-dessus de la mer Noire.

« Un jeu de communication » relativement rôdé, comme le déchiffre une source militaire. Des missions comme celles-ci, l’armée de l’air française en effectue quatre à cinq par an sans difficultés. A l’inverse, depuis le début de l’année, douze avions russes volant un peu trop près des côtes hexagonales ont été interceptés par des chasseurs français, a dévoilé, jeudi, en riposte, l’état-major des armées. Des péripéties qui témoignent d’une réelle fébrilité dans la région. Au point qu’interrogé par Le Monde, un officiel français estime la situation « très sérieuse ».

« Volatilité » de la situation

A l’occasion d’un point presse conjoint, la ministre des armées Florence Parly, son collègue des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, en visite à Paris, vendredi, se sont montrés soucieux. « Il est clair pour nous, je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, que toute atteinte à l’intégrité de l’Ukraine entraînerait (…) inévitablement des conséquences stratégiques massives », a notamment rappelé M. Le Drian. La France est censée être l’un des principaux pays négociateur du conflit aux côtés de l’Allemagne dans un format Normandie qui réunit l’Ukraine et la Russie, mais qui est aujourd’hui bloqué.

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