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Pourquoi il ne sert à rien d’avoir peur de l’inflation, pour l’instant

L’inflation est un problème économique qui interroge l’état de la demande et des capacités de production. C’est un problème monétaire qui survient, nous dit la théorie classique, quand la masse des moyens de paiement dépasse la valeur des biens et services à acheter. C’est, enfin, un problème politique. On le voit aux Etats-Unis, où les républicains accusent l’administration Biden d’engager trop de dépenses publiques, d’attiser la hausse des prix et au bout du compte de rogner le pouvoir d’achat des ménages. Il faut dire que les élections de mi-mandat sont dans un an.

En France, alors que la présidentielle se profile, le gouvernement a créé une « indemnité d’inflation » pour compenser l’alourdissement de la facture énergétique.

Dans les pays développés, l’inflation avait pourtant presque disparu des radars. Sa réapparition soudaine donne donc le vertige. Elle approche les 7% sur un an aux Etats-Unis, un record depuis 1982. En France, c’est près de 3%, au plus haut depuis 2008.

La cause principale, il va sans dire, est la pandémie et ses suites. Fermer d’un coup l’économie mondiale, puis la rouvrir quelques semaines plus tard, a bouleversé de nombreux marchés.

Pression sur la chaîne logistique

Les confinements, les plans de relance, les mesures de protection du revenu ont poussé les ménages à consommer plus de biens et moins de services, mettant la pression sur une chaîne logistique opérant déjà à flux tendus.

Il en résulte des files d’attente, des pénuries, et vu que l’offre est inélastique à court terme, des hausses de prix. Qu’on se rassure, ces chocs n’ont pas vocation à se répéter. De plus, une hausse de prix est un signal poussant à de nouveaux investissements.

On a manqué de puces électroniques en 2021, au grand dam de l’industrie automobile. On en aura peut-être trop en 2023 quand de nouvelles usines entreront en production. Certes, il y a aussi des tensions structurelles qui se font jour. Avec la récente crise du gaz en Europe, on comprend mieux que la transition verte aura un coût croissant dans le temps. Mais, si les hausses ponctuelles de prix pénalisent le pouvoir d’achat, l’inflation est surtout pernicieuse quand elle s’auto-alimente, par exemple dans une spirale de rattrapage entre prix et salaires comme dans les années 1970. Il y a quelques signaux en ce sens aux Etats-Unis. En Europe, si certains secteurs manquent de main-d’œuvre, le problème n’est pas général. On est encore loin du plein-emploi. Il n’y a pas de signes avant-coureurs d’un dérapage des salaires.

Encore faut-il que le vertige soit surmonté sans trop de délais.

 

Conséquence de la pandémie et de ses suites, l’inflation a atteint un record, à + 2,8% en novembre.

 

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