L’histoire va-t-elle se répéter ? Moins de trois mois après l’accord conclu entre les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni qui avait torpillé un méga contrat de sous-marins français à la marine australienne, l’administration de Joe Biden tente ainsi à nouveau de souffler un juteux contrat de défense à la France.
Alors que le président français Emmanuel Macron et le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis ont conclu, fin septembre, un accord pour la fourniture à la Grèce de trois frégates de défense et d’intervention pour quelque 3 milliards d’euros, le département d’Etat américain a annoncé, vendredi 10 décembre, avoir pré-approuvé un projet de vente à Athènes de quatre frégates de combat et leur équipement, d’une valeur de 6,9 milliards de dollars (6,1 milliards d’euros environ).
Washington a aussi approuvé la modernisation des frégates grecques de la classe MEKO, pour un montant évalué à 2,5 milliards de dollars. Le communiqué précise que le contrat, dans les deux cas, « sera accordé au gagnant d’un appel d’offres international » portant sur la modernisation de la marine grecque.
Selon l’accord franco-grec, annoncé en grande pompe le 28 septembre à Paris, trois frégates de défense et d’intervention (baptisées Belharra à l’export) doivent être construites en France par Naval Group, à Lorient (Morbihan), pour être livrées à la marine grecque en 2025 et 2026. L’accord préalable porte également sur une quatrième frégate en option.
Crise diplomatique sans précédent
Le contrat doit être signé « d’ici la fin de l’année », avait alors précisé le ministère français des armées. Outre les navires, il comprend la fourniture par le fabricant de missiles MBDA de leurs armements (missiles antiaériens Aster, antinavires Exocet et des torpilles) et des prestations de soutien sur trois ans.
Cette annonce survient quelques semaines après une crise diplomatique sans précédent entre Washington et Paris. En septembre, les Etats-Unis avaient annoncé un partenariat de sécurité dans la zone indo-pacifique avec l’Australie et le Royaume-Uni, comprenant notamment la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à Canberra. L’Australie avait donc rompu un gigantesque contrat signé avec la France pour la livraison de sous-marins conventionnels, provoquant la colère de Paris.
Le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait dénoncé un « coup dans le dos », comparant la méthode de Joe Biden « à ce que faisait » son prédécesseur Donald Trump – un affront pour le président démocrate soucieux de se démarquer du milliardaire républicain.
La France avait rappelé ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie, et M. Biden avait admis que les Etats-Unis auraient pu mieux communiquer avec leur allié de longue date. Fin octobre à Rome, M. Biden avait tenté de tourner la page des sous-marins australiens lors d’une rencontre de réconciliation avec le président français Emmanuel Macron. Les deux chefs d’Etat avaient annoncé leur intention de lancer « un dialogue stratégique en matière de commerce militaire », notamment sur les autorisations d’exportations.
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