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« Vouloir créer un Mittelstand à la française pour les PME relève de la fiction »

Tribune. Dans un contexte de crise et de difficultés économiques, la tentation est grande de vouloir imiter les modèles des pays les plus compétitifs. L’Allemagne paraît s’en sortir mieux que la France en termes de produit intérieur brut, de déficit public, de taux de chômage et de performances à l’exportation. En effet, la colonne vertébrale de l’industrie allemande est formée par les grandes entreprises et un réseau très vaste de petites et moyennes entreprises, le Mittelstand, régulièrement présenté comme la force et la spécificité de l’économie allemande. Ainsi, selon les préconisations récurrentes de certains commentateurs économiques, il suffirait de s’inspirer du modèle allemand et du Mittelstand pour créer un tissu d’entreprises comparable à celui des entreprises allemandes et afficher les mêmes performances économiques qu’outre-Rhin. Si la solution proposée paraît simple de prime abord, sa mise en œuvre semble beaucoup plus compliquée, voire irréalisable.

Un acteur majeur du marché mondial

Le Mittelstand est majoritairement composé d’entreprises de moins de 500 salariés. On lui confère un rôle important dans le processus d’innovation, dans la création et la stabilité de l’emploi, mais il est également vu comme un acteur majeur sur le marché mondial. A titre de comparaison, en 2019, on répertorie en Allemagne 479 596 entreprises moyennes (de 50 à 249 employés) et 19 360 « grandes » entreprises (plus de 249 employés), contre respectivement 148 078 et 6 003 en France. Au total, les entreprises allemandes affichent un chiffre d’affaires plus important, emploient plus de salariés et ont de meilleurs résultats à l’export que les entreprises françaises.

Forte est alors la tentation de vouloir créer un Mittelstand français, qui serait composé de PME plus grandes et plus internationales. L’ennui est que le Mittelstand est un concept entrepreneurial spécifiquement allemand, inséré dans le modèle économique et sociétal de la société allemande, et pas seulement une catégorie d’entreprises statistiquement identifiable. La direction de l’entreprise, l’indépendance économique, la propriété détenue par la famille, un fort attachement au territoire ainsi qu’une culture entrepreneuriale forgée historiquement par la société allemande en sont les caractéristiques essentielles.

Soutien du gouvernement et des Länder

Ces entreprises placent l’individu au cœur de leurs préoccupations. Les décisions sont toujours collectives, les hiérarchies plates accordant une large place au partage des responsabilités. La responsabilité sociale des entreprises est une réalité appliquée et non un produit marketing. Elles mettent en place des stratégies de long terme, puisque les lois allemandes facilitent la transmission aux générations suivantes ; elles ont l’international et la coopération interentreprises dans le « sang ». C’est pour cela qu’on trouve dans le contingent du Mittelstand des PME, mais également des sociétés comme Kärcher – bien connue du consommateur français – ou Stihl.

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