Au pouvoir depuis quinze ans à Banja Luka, le dirigeant bosno-serbe Milorad Dodik, membre de la présidence tripartite de Bosnie-Herzégovine, menace de faire sortir la République serbe des institutions communes bosniennes, notamment de l’armée. Il conteste une résolution sanctionnant la glorification ou la négation des crimes de guerre. De retour de Russie, où il a rencontré Vladimir Poutine, il a reçu Le Monde le 4 décembre à Banja Luka.
Menacé de nouvelles sanctions par l’Union européenne et les Etats-Unis, vous êtes allé en Russie rencontrer Vladimir Poutine. Avez-vous trouvé le soutien que vous espériez dans votre confrontation avec le haut représentant international en Bosnie, l’Allemand Christian Schmidt ?
Le genre de conversation que je peux avoir avec le président Poutine est très différent de celles que j’ai à Sarajevo ou en Occident, c’est très honnête. Nous avons tenté de trouver des solutions à la crise politique en Bosnie.
M. Poutine m’a confirmé que la Russie n’a pas voté la nomination de Christian Schmidt en tant que haut représentant international en Bosnie au Conseil de sécurité de l’ONU, donc ce dernier n’a pas de légitimité. L’approche de M. Poutine est qu’il doit y avoir un dialogue et des compromis entre les dirigeants des trois peuples de Bosnie, sans intervention étrangère. La situation est donc claire : il n’y a pas de haut représentant international en Bosnie. Je n’ai pas de temps à perdre avec M. Schmidt.
M. Poutine m’a aussi informé de ses opinions sur l’OTAN, que je partage. Nous refusons que la Bosnie soit un jour membre de l’OTAN, une organisation qui a bombardé deux fois les Serbes en vingt-cinq ans.
Menacez-vous toujours de retirer la République serbe de l’armée de Bosnie ?
Cette histoire d’armée bosnienne est irrationnelle. Cette armée n’a aucun sens. Elle est en fait davantage une armée de l’OTAN qu’une armée de Bosnie, et ses officiers parlent davantage avec des officiels étrangers qu’avec nous, les trois présidents du pays. Selon [l’accord de paix de] Dayton [signé en 1995], chaque entité du pays devait avoir son armée. La République serbe avait la sienne jusqu’à ce qu’un haut représentant décrète que ces forces armées devaient fusionner. Cette loi sur l’armée est illégale.
Pour moi, la meilleure solution est qu’il n’y ait aucune force armée en Bosnie. Je propose une démilitarisation totale. Si c’est impossible, alors nous reviendrons aux termes de Dayton et recréerons notre armée. Les parlementaires de la République serbe vont bientôt acter le retrait de notre accord pour une armée bosnienne, puis nous donnerons six mois à la négociation. Si, au bout de six mois, la négociation sur une démilitarisation de la Bosnie n’a pas abouti, alors nous reformerons l’armée de République serbe.
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