Le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, a réservé vendredi 10 décembre sa première visite à l’étranger au président français, Emmanuel Macron, qui compte sur le soutien de Berlin pour concrétiser une série de chantiers durant la présidence française de l’Union européenne (PFUE) au premier semestre 2022.
Suivant une longue tradition de l’après-guerre, le social-démocrate, qui a succédé mercredi à Angela Merkel, s’est rendu à Paris aussitôt les premiers dossiers intérieurs pris en main à Berlin, à commencer par la crise sanitaire. Il a été accueilli par Emmanuel Macron pour un déjeuner de travail, qui devait être en bonne partie consacré à l’Europe, à vingt et un jours de la PFUE et au lendemain de la présentation de ses priorités par le chef de l’Etat.
Croissance et « solidité des finances » pas incompatibles
« Il s’agit de maintenir cette croissance qui a été engendrée par le pacte de relance [européen post-Covid]. Nous devons dans le même temps travailler à la solidité de nos finances », a déclaré M. Scholz lors d’une conférence de presse commune avec M. Macron. « Ce n’est pas contradictoire. Pour moi ce sont les deux faces d’un même effort », a-t-il ajouté, tout en se disant sûr que Paris et Berlin « parviendront à des concepts communs sur cette question ».
Le président français a proposé jeudi de « repenser le cadre budgétaire » de l’Europe jusqu’ici défini par les critères de Maastricht, qui limitent notamment les déficits publics des pays de la zone euro à 3 % de leur PIB. Emmanuel Macron a convenu, tout comme Olaf Scholz, qu’il fallait « maintenir un sérieux budgétaire » dans l’eurozone, mais a aussi souligné la nécessité de « maintenir la croissance » en Europe et d’y « bâtir » de nouveaux champions industriels afin d’en renforcer la « souveraineté ». « Nous devons trouver les mécanismes – soit les flexibilités soit les nouvelles règles – qui nous permettront de tenir ensemble ces trois objectifs », a-t-il insisté.
Accord de coalition
Signe de la place centrale de l’Europe pour le nouveau gouvernement au pouvoir à Berlin, Olaf Scholz se rendra dans la foulée à Bruxelles pour y rencontrer les dirigeants des institutions de l’Union européenne et préparer le sommet européen des 16 et 17 décembre. Saluée par Paris, la feuille de route des quatre années à venir signée par Olaf Scholz avec ses alliés de coalition écologistes et libéraux témoigne d’ambitions nouvelles côté allemand en matière de politique européenne, après la tiédeur des années Merkel sur le sujet.
Cet accord de coalition offre une « base de travail extrêmement solide » pour réformer l’Europe, a souligné le secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, Clément Beaune. Sur plusieurs priorités de la présidence française – le salaire minium, la taxe carbone aux frontières de l’UE ou la souveraineté stratégique européenne – le nouveau gouvernement allemand s’est déjà montré allant.
Berlin veut par ailleurs débloquer dès cette année « 60 milliards d’euros » de fonds publics pour financer des « investissements d’avenir », afin notamment d’atteindre les objectifs climatiques de la nouvelle coalition, a annoncé vendredi le ministre des finances, Christian Lindner.
Ces fonds seront prélevés sur « une partie » des nouvelles dettes contractées au titre du budget 2021 pour faire face à la pandémie de coronavirus mais qui n’ont « pas été utilisés », a déclaré le ministre appartenant au parti libéral FDP, entré en fonctions mercredi.
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