Chronique. Avec la pandémie, la relocalisation de la production (reshoring) a pris une nouvelle ampleur en Corée du Sud. Cette tendance, qui affecte surtout les secteurs de l’électronique, de l’automobile ou du textile, concerne très majoritairement la production d’usines localisées jusqu’ici en Chine, et devrait encore s’accélérer dans le futur (« Changing GVC in Post-Pandemic Asia : Korea, China, and Southeast Asia », Keun Lee et Taeyoung Park, Document de travail de l’Institut de recherche économique de l’université nationale de Séoul, octobre 2021).
Depuis plus de vingt ans, la délocalisation de la production (offshoring) a été la manifestation la plus visible, dans les pays de l’OCDE, de la constitution de chaînes de valeur mondialisées. Cet approfondissement de la division internationale du travail a conduit au développement des réseaux de production dans le monde entier, mais aussi à la concentration de capacités de production dans certains pays, principalement la Chine. Si les bénéfices de ce processus ne sont plus à démontrer, les risques structurels sont réels.
La relocalisation de la production pour un pays comme la Corée, dont les multinationales jouent un rôle majeur dans les chaînes globales de valeur, constitue un vrai tournant, qui résulte de la conjonction de trois facteurs. Tout d’abord, la numérisation de la production depuis le début des années 2010 modifie les avantages comparatifs de la délocalisation au profit des pays d’origine. Ensuite, les conflits commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine ont incité certaines multinationales à déplacer leurs productions de la Chine vers d’autres pays asiatiques. Enfin, la crise pandémique a mis en évidence la vulnérabilité de ces chaînes de valeur en cas de choc externe.
La numérisation et la robotisation
Sur la base d’études de cas détaillées, les auteurs distinguent trois stratégies de relocalisation des multinationales coréennes. La première est la relocalisation des productions intensives en main-d’œuvre, étant donné la hausse des salaires en Chine. Mais elle reste minoritaire car le différentiel salarial avec la Corée demeure significatif. La deuxième vise à supprimer une étape intermédiaire réalisée dans un pays étranger afin de « raccourcir » la chaîne de valeur ; une stratégie typique de PME qui acquiert la capacité de produire un composant donné, jusqu’alors sous-traité. La troisième concerne des entreprises qui ont choisi d’investir massivement pour construire, en Corée, des usines « 4.0 », menant une transformation profonde du processus de production par la numérisation et la robotisation.
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