« Rien n’a été arrêté. Il n’y a ni design, ni prix, ni contrat. La seule certitude, c’est que nous n’aurons pas de nouveaux sous-marins avant vingt ans et leur coût sera bien plus élevé que ceux de conception française », avait déploré, le 29 septembre, l’ancien premier ministre australien Malcolm Turnbull.
C’était deux semaines après l’annulation du contrat portant sur l’achat de douze Barracuda à Naval Group et l’annonce fracassante d’un nouveau partenariat stratégique entre Canberra, Washington et Londres (Aukus) prévoyant la fourniture de huit sous-marins à propulsion nucléaire à son pays. Trois mois plus tard, l’Australie n’en sait pas beaucoup plus.
Seule avancée notable : les trois alliés anglo-saxons ont conclu, le 22 novembre, un accord autorisant l’échange d’« informations sur la propulsion nucléaire navale ». Il permettra aux Australiens de suivre des formations sur la construction, l’utilisation et la maintenance des sous-marins aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni et à un groupe de travail multidisciplinaire, qui a dix-huit mois pour conseiller le gouvernement sur la meilleure stratégie à suivre pour finaliser cet achat, d’accéder à toutes les données nécessaires.
Car si l’Australie va acquérir des appareils plus rapides, plongeant plus profondément et restant immergés plus longtemps que les Barracuda à propulsion diesel-électrique promis par la France, elle sera aussi la seule nation ne possédant pas l’arme nucléaire à détenir ce type de navires. Un véritable défi technologique pour le pays, qui est confronté à une série de casse-tête.
Il va d’abord devoir choisir entre différents modèles et, plus vraisemblablement, entre les sous-marins britanniques de la classe Astute et les américains de la classe Virginia. « Je serais surpris si nous options pour les Astute, tente Marcus Hellyer, analyste à l’Institut australien de politique stratégique (ASPI). La question fondamentale est : qui voulons-nous comme partenaire stratégique pour les cinquante prochaines années ? Entre Paris et Washington, tout gouvernement australien se serait tourné vers notre allié historique, Washington, ce qui explique sans doute que nous n’ayons pas demandé à la France. Quant à la Grande-Bretagne, sa capacité industrielle est moindre que celle des Américains, elle est aussi bien moins présente dans l’Indo-Pacifique. » Mais si Canberra jetait son dévolu sur les Virginia, les Etats-Unis pourraient-ils les lui fournir ? Pas sans une forte volonté politique. Les deux chantiers navals les produisant tournant déjà à plein régime, ils devraient augmenter leur capacité de production ou ouvrir un troisième site pour répondre à la demande australienne.
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