Alors que la France s’apprête à prendre la présidence du Conseil de l’Union européenne, le 1er janvier, les Français demeurent les Européens les plus défiants et les moins informés sur l’Europe et sa construction. Cette forme d’euroscepticisme, qui ressort d’une enquête menée début décembre par l’Institut Jacques Delors, le Cevipof et le Centre Kantar, paradoxalement teintée de fortes attentes par rapport à l’Union européenne (UE), s’est installée au cours des vingt-cinq dernières années et ne devrait pas être vaincue en six mois de présidence française, malgré l’accent mis par le gouvernement sur la notion « d’appartenance à l’Europe ». « Le sentiment d’appartenance s’est étiolé », a regretté Emmanuel Macron, le 6 décembre, lors d’une réception donnée à Paris à l’occasion des vingt-cinq ans de l’Institut Delors. Et le chef de l’Etat a reconnu une « grande difficulté à aller chercher les gens qui ne s’intéressent pas à l’Europe ».
Certes, 56 % des Français demeurent attachés à l’Europe, notamment à ses valeurs de paix et à la libre circulation, mais la moitié d’entre eux expriment une défiance face à Bruxelles (8 points de plus que la moyenne européenne), plaçant la France au même niveau que la Grèce. Avec l’Autriche et le Danemark, l’Hexagone est aussi au cœur « d’une géographie du mécontentement », souligne le rapport, où les partis fortement opposés à l’intégration européenne sont des forces politiques de première importance. Les auteurs nuancent toutefois ce rejet de l’Europe, en rappelant que ces formations prospèrent davantage sur les questions migratoires et de sécurité ou sur le rejet des élites que sur la question européenne. L’enquête confirme que les plus europhiles des Français sont les jeunes, les diplômés, les urbains, et les électeurs penchant plutôt à gauche.
Signe d’une réelle ambivalence, s’ils jugent davantage que leurs voisins que l’UE n’est pas « efficace » (56 %, contre 47 % en moyenne), les Français souhaitent pourtant que plus de décisions soient prises au niveau européen sur des questions importantes : politique commune migratoire, de défense ou environnement. Et trois quarts d’entre eux se prononcent pour le maintien de l’union monétaire.
En outre, l’image de l’UE qui s’était fortement dégradée après la crise financière de 2008, semble s’améliorer depuis le début de la pandémie, grâce notamment à la distribution des vaccins et à la mise en place des plans de relance européens. La crise sanitaire a aussi été l’occasion pour les Français – dont seulement un quart disait avoir un bon niveau d’informations sur les questions européennes en janvier, contre 40 % en moyenne – de se sentir « mieux informés » sur le fonctionnement de l’UE. Une évolution dont s’est félicité le chef de l’Etat, lundi : dans la lutte contre le virus, « l’UE a été efficace et généreuse » et le vaccin a représenté « la meilleure preuve tangible de ce que peut apporter l’Europe ».
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