« La corruption est un cancer dans le corps des sociétés, une maladie qui consume la confiance publique et la capacité des gouvernements à obtenir des résultats pour leurs citoyens. » C’est ainsi que commence un communiqué de la Maison Blanche, publié le 6 décembre, pour introduire un document inédit : « La première stratégie américaine destinée à contrer la corruption ». Un effort doctrinaire et organisationnel important, réclamé de longue date par les experts de l’évasion fiscale et des circuits d’enrichissement illicites, connaissant le rôle central des Etats-Unis dans le monde financier.
Comme le boycott diplomatique des Jeux olympiques de Pékin en 2022, annoncé cette semaine, la publication de ce document a été soigneusement calculée : elle intervient à deux jours de l’ouverture du Sommet pour la démocratie, prévu les 8 et 9 décembre. Cet événement, qui aura lieu essentiellement par vidéoconférence, regroupera des représentants d’une centaine d’Etats, des sociétés civiles, du secteur privé. La Maison Blanche l’aborde sans triomphalisme, conscient de la vulnérabilité du propre modèle américain, incarné par l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier, par les partisans de Donald Trump.
Le sommet doit être l’occasion pour les participants de prendre des engagements concrets – qui seront vérifiés au cours de l’année 2022, avant un nouveau rendez-vous entre dirigeants à l’automne, cette fois en présentiel. Ces engagements portent sur trois thématiques : le renforcement de la démocratie face à l’autoritarisme, le respect des droits humains, et enfin la lutte contre la corruption.
Autrefois, un mal secondaire
Le 3 juin, Joe Biden avait défini formellement cette lutte comme étant un intérêt de sécurité nationale. Le document officiel tout juste publié reconnaît l’ampleur du défi. « Changer des cultures enracinées de corruption nécessite une volonté politique significative, et obtenir des résultats durables peut réclamer des décennies. » Le texte reconnaît que, pendant trop longtemps, les acteurs de la corruption et leurs complices financiers ont profité des « vulnérabilités » des Etats-Unis. Mais, au-delà du constat pertinent, la marge de manœuvre réelle de la Maison Blanche n’est pas évidente, face au Congrès et aux législations des Etats.
« Sur le papier, l’administration a la bonne stratégie, mais aura-t-elle les bonnes politiques ? s’interroge Ben Judah, chercheur associé à l’Atlantic Council, auteur de plusieurs rapports sur la kleptocratie internationale. C’est un peu comme l’Union européenne, dans de nombreux dossiers. Saura-t-elle convertir en actes une excellente stratégie de papier ? Aura-t-elle le courage ou le capital politique pour promouvoir des décrets présidentiels sur la corruption ? Ce n’est pas clair. Elle se trouve face à un Congrès qui fait de l’obstruction. Il y a des républicains favorables à cet agenda, mais on verra comment ils réagiront s’il est associé au nom de Biden. »
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