Publié le : 09/12/2021 – 07:53
Le « sommet pour la démocratie », promesse de campagne du président américain Joe Biden, réunit virtuellement jeudi et vendredi quelque 110 pays et territoires, dont les alliés occidentaux des États-Unis, mais aussi le Brésil dirigé par un président d’extrême droite. En revanche, les principaux rivaux de Washington, dont la Russie et la Chine, n’y figurent pas.
Le président américain Joe Biden réunit jeudi 9 et vendredi 10 décembre une centaine de pays pour un « sommet pour la démocratie » qui a déclenché l’ire de la Chine et de la Russie.
L’événement, organisé virtuellement à Washington pour cause de pandémie de Covid-19, se veut selon la Maison Blanche révélateur du combat entre les démocraties et, les dictatures et régimes autocratiques, au centre de la politique étrangère de Biden.
« N’en doutez pas, nous sommes à l’heure de vérité pour la démocratie », a affirmé la sous-secrétaire d’État américaine pour la Sécurité, la Démocratie et les Droits humains, Uzra Zeya.
Les démocraties du monde « affrontent des défis croissants venant de nouvelles menaces », a-t-elle dit. « Dans pratiquement toutes les régions du monde, ces pays ont connu à différents degrés un recul démocratique. »
« Mentalité de Guerre froide »
Le sommet rassemble les représentants d’une centaine de gouvernements, d’ONG, d’entreprises et d’organisations caritatives. Mais la liste des invités a provoqué de vives tensions.
La Chine et la Russie, considérées par Joe Biden comme les championnes du camp des autocrates, ont ainsi fustigé leur exclusion.
Que les États-Unis s’autorisent à définir « qui est un ‘pays démocratique’ et qui n’est pas éligible à ce statut » relève d’une « mentalité de Guerre froide », ont écrit fin novembre dans une tribune conjointe les ambassadeurs russe Anatoli Antonov et chinois Qin Gang.
Rejetant l’idée d’un modèle unique de démocratie, les deux diplomates ont salué leurs régimes respectifs assis sur « les réalités » chinoises ou « les traditions » russes.
L’invitation de Taïwan a aussi fait bondir Pékin, qui considère l’île comme une province chinoise même s’il ne la contrôle pas.
Autre sujet de friction, Washington a annoncé lundi qu’il n’enverrait aucun représentant diplomatique aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin en février pour protester contre les violations des droits humains en Chine, notamment le « génocide » contre la minorité musulmane ouïghoure, dénoncé par le gouvernement américain.
L’Australie, le Royaume-Uni et le Canada se sont joints à ce boycott diplomatique, décrié par Pékin et Moscou.
En matière de droits humains ou de fraudes électorales, le choix des pays invités pose aussi question. Le Pakistan, les Philippines ou encore le Brésil dirigé par le président d’extrême droite Jair Bolsonaro ont ainsi été conviés mais pas la Hongrie, membre de l’Union européenne, où un gouvernement nationaliste est au pouvoir, ni la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, pourtant alliée de Washington au sein de l’Otan.
Pour la région du Proche-Orient, seuls deux pays ont été invités : Israël et l’Irak.
La démocratie américaine ébranlée
Le sommet intervient alors que les États-Unis traversent une crise politique moderne sans précédent, l’ancien président Donald Trump et ses alliés conservateurs continuant à dénoncer sans preuves des fraudes électorales qui lui auraient fait perdre l’élection de novembre 2020.
L’attaque violente des partisans de Donald Trump contre le Congrès le 6 janvier a ébranlé la démocratie américaine et le pays reste secoué par les divisions malgré la posture de « rassembleur » du président.
À la peine dans les sondages, Joe Biden doit affronter dans un an des élections législatives de mi-mandat qui sont traditionnellement défavorables au pouvoir en place. Ce scrutin pourrait aussi, en cas de succès républicain, pousser Donald Trump à briguer un nouveau mandat en 2024.
Pour Bruce Jentleson, professeur de sciences politiques à l’Université Duke, ce sommet « a toujours été une mauvaise idée ». « Nous avons des problèmes plus importants que n’importe quelle autre démocratie occidentale », dit-il. « On a attaqué le Congrès, c’était une tentative de coup d’État. On n’a pas vu cela se produire à Paris, au Bundestag (allemand) ou au siège de l’Union européenne à Bruxelles. »
« Si nous voulons rivaliser, nous devons faire de notre mieux, et c’est vraiment à nous de le faire dans notre pays plutôt que de rassembler cent dirigeants pour dire : ‘Nous aimons la démocratie’ », explique-t-il.
Avec AFP
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