La Russie a rejeté, le 3 décembre, une demande d’entraide judiciaire dans le cadre du procès sur le MH17, ont annoncé les juges au cours d’une audience organisée devant le tribunal néerlandais en charge de ce dossier ouvert depuis mars 2020. Depuis plusieurs mois, le juge néerlandais, qui instruit l’affaire du vol de la Malaysia Arlines abattu au-dessus l’est de l’Ukraine en 2014, entraînant la mort de 298 passagers et membres d’équipage, dont 196 Néerlandais, réclamait l’audition de Sergueï Mutskayev, le commandant de la 53e brigade antiaérienne basée à Koursk, en Russie. Ce dernier est considéré comme un témoin clé : c’est de cette brigade que serait issu le missile à l’origine du tir sur l’avion.
Mais Moscou a estimé qu’un tel interrogatoire pourrait nuire aux intérêts vitaux du pays. Les questions « portent sur des questions militaires, qui sont soumises à la confidentialité, conformément à la loi russe », a indiqué le tribunal néerlandais de Schiphol, en lisant la réponse des autorités russes. L’audition du gradé, ont affirmé ces dernières, pourrait « porter atteinte aux secrets d’Etat de la Fédération de Russie et par conséquent, aux intérêts essentiels » du pays.
En 2018, les enquêteurs avaient conclu que c’était un missile de défense antiaérienne BUK qui avait été tiré sur le vol MH17. Pour le procureur, le missile avait été convoyé quelques jours plus tôt depuis la Russie et tiré depuis un champ proche du village de Pervomaïsk, dans le Donbass, région de l’est de l’Ukraine en proie depuis 2014 à des affrontements meurtriers entre des séparatistes prorusses, soutenus par Moscou, et les forces armées de Kiev.
301 demandes d’indemnisation
Depuis l’ouverture du procès, les quatre principaux suspects sont jugés in absentia aux Pays-Bas. Le ministère public accuse en effet trois ex-officiers du renseignement militaire russe (GRU), Oleg Poulatov, Igor Guirkine et Sergueï Doubinski, ainsi que l’Ukrainien prorusse, Leonid Khartchenko. Ces trois derniers sont jugés par contumace depuis le 9 mars 2020. Absent lui aussi, Oleg Poulatov est néanmoins représenté par des avocats.
En l’attente d’une réponse de Moscou à la demande d’interrogatoire de Sergueï Mutskayev, la police néerlandaise avait lancé début septembre un appel à témoin aux officiers russes, « qui possèdent plus d’informations, comme des photos, des vidéos, des émail et des documents officiels ». L’appel était aussi adressé aux habitants de Kursk. En vain.
Faute de coopération, le juge d’instruction a donc décidé, mercredi, de clore son enquête. A partir du 20 décembre, le ministère public devrait rendre ses conclusions, faire le lien entre les preuves récoltées et les responsables de la tragédie, avant de requérir les peines.
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