« Pas de doigts accusateurs », selon Washington. « Il y a eu de la place pour des plaisanteries et un échange de compliments », assure le Kremlin. L’entretien vidéo entre Joe Biden et Vladimir Poutine, qui s’est tenu mardi 7 décembre, a permis, pour un temps non déterminé, de redonner la primauté à la diplomatie.
Alors que la mobilisation militaire russe aux portes de l’Ukraine suscite toujours de vives inquiétudes, les deux présidents ont exposé chacun leurs attentes. Cette disponibilité au dialogue est-elle un simple geste ponctuel, ou bien la première étape d’une désescalade progressive ? Sur le fond, les positions paraissent toujours inconciliables.
La Russie a renouvelé ses critiques contre l’influence grandissante de l’OTAN dans son voisinage et les aspirations de l’Ukraine à rejoindre l’Alliance atlantique, une « ligne rouge » à ses yeux. Sans surprise, Vladimir Poutine a réclamé des « garanties juridiques » excluant à la fois une extension vers l’est de l’OTAN et le déploiement de systèmes d’armement avancés. Les deux dirigeants se sont accordés, selon le communiqué du Kremlin, pour que leurs conseillers conduisent des consultations sur ces « questions sensibles ».
Pour Moscou, il s’agit d’un premier pas important, qui revient à reconnaître la légitimité des préoccupations russes. Le résultat n’est certes pas spectaculaire, mais après la dramatisation des derniers jours, les officiels russes prévenaient qu’il n’y aurait pas d’avancées décisives dès mardi soir.
Le président russe, qui se trouvait à Sotchi, au bord de la mer Noire, a semblé faire peu de cas des menaces de sanctions occidentales, rompu à cette pratique depuis l’annexion de la Crimée en 2014. « Les soldats russes sont sur leur territoire, ils ne menacent personne », a déclaré à la presse le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov. Selon ce dernier, Vladimir Poutine aurait dit à son homologue, en guise de conclusion : « Vous, les Américains, vous vous inquiétez au sujet de nos bataillons, sur le territoire russe, à des milliers de kilomètres des Etats-Unis. Mais nous, nous sommes très préoccupés par notre propre sécurité. »
Le président russe s’est aussi dit prêt à une normalisation des conditions de travail pour les deux représentations diplomatiques, à Moscou et à Washington. Un sujet que Joe Biden délègue volontiers au niveau des experts, de part et d’autre.
L’attachement de Washington à la souveraineté ukrainienne
A Washington, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, s’est présenté lui-même face aux caméras et aux journalistes, dans la salle de presse de la Maison Blanche, pour évoquer l’entretien, qui a duré deux heures. Refusant de spéculer sur les intentions russes, ni d’aborder les détails des mesures envisagées par l’administration américaine, il a en revanche posé en termes clairs l’alternative des prochaines semaines. La première option qui s’offre au Kremlin est celle de la communication diplomatique. C’est la « voie alternative », selon Jake Sullivan, permettant de baisser la tension.
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