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En Ethiopie, la haine déborde des réseaux sociaux

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Le corps d’un homme non identifié dans un champ à Mesobit, en Éthiopie, le 6 décembre 2021. AMANUEL SILESHI / AFP

En marge du conflit qui déchire le nord de l’Ethiopie depuis novembre 2020, une autre guerre se joue sur les réseaux sociaux. Ses promoteurs, qu’ils soient affiliés aux insurgés du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ou au gouvernement du premier ministre Abiy Ahmed et ses alliés, ont transposé leur conflit sur la Toile à grands coups de désinformation.

Une bataille de mots susceptibles d’avoir des conséquences bien réelles, alors que « de possibles crimes contre l’humanité » ont déjà été commis dans la province du Tigré selon les Nations unies.

Principaux canaux de propagande, Facebook et Twitter sont directement pointés du doigt. Frances Haugen, l’ancienne employée de Facebook à l’origine de la fuite de documents internes connue sous le nom de « Facebook Files », a dit redouter, devant une commission du Sénat américain le 5 octobre, « l’impact destructeur » que risquait d’avoir la plate-forme sur une société éthiopienne déjà extrêmement polarisée.

Des craintes justifiées notamment par les difficultés de l’entreprise à modérer les messages émanant de groupes s’exprimant dans des langues locales comme l’amharique, le tigrinya, l’oromo ou le somali.

Comptes proches des radicaux amhara

Un cas, en particulier, a retenu l’attention des observateurs, sans qu’il soit possible d’établir un lien de cause à effet entre les paroles et les actes. Le 30 août, un ensemble de comptes Facebook proches des miliciens nationalistes amhara Fano a accusé la minorité ethnique Qemant de soutenir les rebelles tigréens du TPLF, les traitant de « balances ».

Dès le surlendemain, le 1er septembre, un groupe de Fano a pénétré dans le village d’Aykel, aux abords de l’ancienne cité impériale Gondar. Selon plusieurs sources sur place, ils ont tué des dizaines de Qemant et détruit leurs habitations. Le même jour, un autre compte baptisé « Force populaire des Fano patriotes pour un changement radical » incitait à n’avoir « aucune humanité pour ces chenilles Qemant ».

Cette nébuleuse de comptes proches des radicaux amhara et appelant ouvertement à la violence n’était pas inconnue de Facebook. Mieux : elle avait fait l’objet d’un signalement et un rapport interne dévoilé par Frances Haugen recommandait, dès mars 2021, de neutraliser ce réseau surnommé « Disarming Lucy » par ses créateurs. Pourtant, plusieurs de ces comptes proches des miliciens fano sont toujours actifs aujourd’hui, à l’instar du compte « Fano Amhara Central Command », qui cumule environ 25 000 abonnés.

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