Publié le : 08/12/2021 – 12:24
La nouvelle souche de Covid-19 Omicron suscite l’inquiétude dans le monde depuis sa découverte. Si l’incertitude persiste autour de sa virulence, les scientifiques de l’OMS se sont voulus rassurants mardi, affirmant qu’il n’y avait « aucune raison de douter » de l’efficacité des vaccins.
Officiellement signalé en Afrique du Sud le 24 novembre, le nouveau variant Omicron est désormais présent sur tous les continents. Des cas ont été signalés dans 57 pays, selon l’Organisation mondiale de la Santé. En Europe, il a été identifié dans 19 pays, selon les derniers chiffres. Plusieurs d’entre eux, dont la France, ont déjà pris des mesures pour tenter de limiter sa propagation sur leur territoire.
Une première image tridimensionnelle de ce nouveau variant, réalisée et publiée le 27 novembre par l’hôpital Bambino Gesù de Rome, montre qu’il comporte notamment une trentaine de mutations dans la protéine « spike », clé d’entrée du virus dans l’organisme. Ce nombre, bien supérieur à celui du variant Delta, a suscité l’inquiétude de l’OMS, qui l’avait qualifié de “préoccupant” fin novembre.
Prima foto al mondo della variante #Omicron realizzata nell’area di ricerca di Medicina Multimodale del Bambino Gesù. Mostra la struttura della proteina spike della variante Omicron a destra e Delta a sinistra rispetto alla spike originale SARS CoV-2 #ANSA https://t.co/PtV3nk137S
— Agenzia ANSA (@Agenzia_Ansa) November 27, 2021
Le conseiller de la Maison Blanche sur la crise sanitaire, Anthony Fauci, a cependant assuré mardi qu’il était « quasiment certain » que le variant Omicron ne cause pas de cas plus graves de Covid-19 que Delta. Les scientifiques de l’OMS ont, de leur côté, affiché leur sérénité sur l’efficacité des vaccins actuels contre les formes sévères que pourraient causer cette souche.
>> « Covid-19 : le variant Omicron n’est pas forcément plus dangereux que le variant Delta »
Les chercheurs du monde entier restent à pied d’œuvre pour tenter de comprendre son fonctionnement et son impact potentiel sur la pandémie de Covid-19.
Pour faire le point sur l’état des connaissances concernant la nouvelle souche du virus Sars-Cov-2, France 24 a interrogé le Professeur Michel Goldman, médecin et immunologue belge, président-cofondateur de l’Institut pour l’innovation interdisciplinaire en santé de l’Université Libre de Bruxelles.
France 24 : Que sait-on de la contagiosité et de la virulence du variant Omicron à ce stade ?
Michel Goldman : Ce variant est clairement plus contagieux. Il se transmet plus facilement d’un individu à un autre. Cependant, nous ne savons pas encore quels symptômes il entraîne, car les seules données dont on dispose sont celles recueillies sur de jeunes gens, en particulier en Afrique du Sud. Aussi, nous n’avons pas encore suffisamment d’éléments qui nous permettraient de déterminer s’il est possible qu’il induise des cas sévères. Hormis chez les individus plus âgés et souffrant de comorbidités, où l’on peut d’ores et déjà anticiper le fait qu’il puisse, tout comme le Delta, induire des formes graves.
Une des questions importantes est ce qui va se passer chez les jeunes, et chez les enfants. Nous n’avons pas encore d’informations mais ce sera très important de le suivre car les enfants sont jusque-là des vecteurs de la transmission, mais restent pour l’essentiel épargnés des formes graves de la maladie. En attendant d’avoir plus d’informations, il est indispensable pour ceux qui sont déjà vaccinés et qui sont éligibles à la troisième dose de faire cette troisième dose, parce qu’il est possible que cette nouvelle souche soit moins sensible au vaccin que les variants précédents. Pour ceux qui n’ont pas encore fait le choix de la vaccination, je pense que les inconnues sur ce variant devraient les inciter à le faire pour ne pas avoir à le regretter plus tard, en particulier les individus les plus vulnérables.
Est-ce que le vaccin actuel contre le Covid-19 est suffisamment efficace contre le variant Omicron ?
On a appris avec le variant Delta que ces mutations, qui accroissent la capacité de transmission d’un individu à l’autre, doivent conduire à accélérer la vaccination. On sait également grâce au Delta, qu’en plus d’une plus forte contagiosité, il y a une autre caractéristique qui sera aussi sans doute celle du variant Omicron, celle de résister davantage au vaccin.
Ainsi le vaccin, même s’il continue de protéger des formes graves, et on pense que ce sera le cas avec Omicron comme c’est le cas avec le Delta, sera peut-être bien moins efficace en termes de réduction de la transmission. Toutefois, il le restera quand même car la vaccination agit de multiples manières. D’une part, les anticorps, dont il induit la production, reconnaissent différentes régions de la protéine (cible du vaccin), qui pour certaines n’auront pas mutées. D’autre part, le vaccin n’agit pas seulement sur les anticorps mais aussi sur les lymphocytes, qui eux ont des systèmes de reconnaissance différents et qui devraient par conséquent être moins sensibles aux mutations.
Il n’est pas à exclure qu’il faille concevoir un nouveau vaccin pour cette nouvelle souche. La question qui se pose aujourd’hui est de déterminer si l’on doit considérer Omicron comme un variant possédant un degré de variation plus important que les précédents ou s’il ne faut pas carrément le considérer comme un nouveau virus. Cela, nous ne le savons pas encore.
Ce n’est pas exclu mais nous n’avons, pour le moment, aucune certitude à ce sujet. Il y a deux grandes théories. La première est que ce variant trouve son origine chez des sujets qui étaient immunodéprimés et qui ont donc hébergé le virus pendant de longues périodes. Au bout de deux-trois semaines le virus disparaît normalement de l’organisme, alors que chez les sujets immunodéprimés, il peut persister de longues semaines et pourrait ainsi jouer le rôle “d’incubateurs à variant”. Le virus se trouvant dans un environnement qui est incapable de le contrôler et qui lui permet de continuer à se multiplier et donc à muter. Si cette théorie est exacte, comme on sait que les sujets immunodéprimés répondent moins bien aux vaccins, ou parfois pas du tout, rien ne dit que le fait d’avoir vacciné plus largement la population aurait permis d’éviter l’émergence de ce variant. La deuxième théorie impute son apparition, comme le virus originel du Covid-19, à une espèce animale qui aurait acquis le Sars-Cov-2. Aujourd’hui ce qu’il faut faire pour se protéger autant que possible c’est se vacciner. Il n’y a pas de raison, pour le moment, de minimiser ou de dramatiser ce nouveau variant. Il n’y a pas l’évidence qu’il y ait plus de formes sévères, on peut même espérer qu’il y en ait moins. Les réponses devront parvenir assez rapidement, d’ici une poignée de semaines.
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