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Au Burundi, l’incendie d’une prison fait 38 morts et 69 blessés parmi les détenus

Des membres des forces de sécurité près d’un bâtiment de la prison centrale de Gitega, au Burundi, où un incendie a tué 38 détenus, le 7 décembre 2021. AFP

Un violent incendie a ravagé la prison centrale de Gitega, la capitale du Burundi, tuant 38 détenus et en blessant 69 autres, mardi 7 décembre au matin, selon un bilan officiel communiqué par le vice-président, Prosper Bazombanza.

Le feu, qui s’est déclaré au petit matin, a totalement calciné certaines parties de cette prison vétuste et surpeuplée, qui abritait 1 539 détenus pour 400 places fin novembre, selon les chiffres de l’administration pénitentiaire.

« Sur les 1 500 prisonniers, nous déplorons 38 morts, dont 12 asphyxiés et 26 morts par brûlures profondes », a détaillé à la presse M. Bazombanza, qui s’est rendu sur place avec quatre ministres. Sur les 69 blessés, 34 ont été évacués à l’hôpital, a-t-il ajouté.

Fuite par les plafonds

Le feu a pris vers 4 heures, heure locale (2 heures GMT), surprenant les détenus dans leur sommeil. « Nous nous sommes mis à crier que nous allions être brûlés vifs lorsque nous avons vu les flammes qui montaient très haut, mais les policiers ont refusé d’ouvrir les portes de notre quartier en disant : Ce sont les ordres que nous avons reçus”, a raconté à l’AFP un détenu, joint par téléphone. Je ne sais pas comment j’en ai réchappé, mais il y a des prisonniers qui ont été brûlés totalement. »

Selon plusieurs sources, des prisonniers se sont retrouvés pris au piège car les gardiens n’avaient pas les clés de certains quartiers ; celles-ci sont, la nuit, conservées par un responsable qui n’est pas sur place.

Des détenus ont réussi à échapper aux flammes en passant par les plafonds. « Certains prisonniers sont sortis tout nus. D’autres n’ont plus que les habits qu’ils portaient sur eux à ce moment-là », a raconté un témoin présent à l’intérieur, évoquant lits, couvertures et autres meubles « consumés ».

« Raccordements anarchiques »

Selon cette source, le feu a pris dans le quartier des détenus de droit commun, le plus peuplé. L’établissement abrite trois autres secteurs : un pour les femmes, un pour les mineurs et un de haute sécurité.

Le ministère de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique a affirmé sur Twitter que l’origine du sinistre est « un court-circuit ». Le vice-président Bazombanza a de son côté évoqué « les petits bricolages, les raccordements anarchiques » faits par les prisonniers pour « avoir une petite prise pour charger un téléphone, une petite ampoule pour l’éclairage » et qui ont causé des « dégâts énormes ».

La prison de Gitega avait déjà été touchée le 21 août par un incendie causé officiellement par un court-circuit, qui n’avait pas fait de victime.

Une source policière a indiqué à l’AFP que les secours ont tardé à se rendre sur place mardi matin. Un premier camion de pompiers est arrivé deux heures après le début du feu, avant d’être rapidement rejoint par six autres venus de provinces proches, a-t-elle précisé.

Manque de place et de nourriture

Construite en 1926, la prison centrale de Gitega est la troisième plus grande du Burundi après celle de Mpimba, située dans la capitale économique, Bujumbura, et celle de Rumonge.

Manquant de place et de nourriture, les prisonniers y dénoncent régulièrement leurs conditions de détention. « Parfois, nous passons jusqu’à trois jours sans être ravitaillés par la prison et nos familles ne peuvent pas nous aider car, depuis juin 2020, nous n’avons plus droit aux visites sous prétexte de nous protéger du Covid-19 », a raconté l’un d’eux à l’AFP. L’ONG ACAT-Burundi a confirmé cette situation, soulignant qu’elle est répandue dans le pays. La surpopulation carcérale est un problème majeur au Burundi.

Début mars, le président Evariste Ndayishimiye – qui a succédé à Pierre Nkurunziza, décédé subitement en juin 2020 – a prononcé une grâce pour 5 200 détenus afin de désengorger les prisons. Mais depuis, les arrestations, visant notamment les membres de l’opposition, se sont multipliées.

Au 26 novembre, on comptait 12 878 détenus, dont 6 524 en attente de jugement, pour une capacité 4 294 places dans les onze maisons d’arrêt du pays, selon l’administration pénitentiaire.

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Le Monde avec AFP

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