L’emplacement des futurs réacteurs nucléaires en France devrait tenir compte du changement climatique et privilégier le bord de mer ou certains fleuves, a estimé mardi le gestionnaire du réseau électrique RTE.
« Il y a aura une tendance à privilégier des emplacements possibles le long de la mer. Mais c’est possible également sur certains cours d’eau qui sont le moins impactés par le changement climatique », a expliqué Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie, de la prospective et de l’évaluation de RTE.
Il faudrait « pour d’éventuels nouveaux réacteurs, privilégier le bord de mer ou certains fleuves à fort débit comme par exemple le Rhône, ce qui réduirait l’incidence du risque canicule ou sécheresse », a-t-il ajouté.
Le président Emmanuel Macron a annoncé en novembre que la France allait relancer un programme nucléaire et construire de nouveaux réacteurs, sans donner plus de détail.
EDF a pour sa part fourni une proposition détaillée pour six réacteurs EPR2 sur trois sites: d’abord à Penly (Seine-Maritime), près de Dieppe, puis à Gravelines (Nord) et enfin à Bugey (Ain) ou bien Tricastin (Drôme).
Les deux premiers sites sont en bord de mer, les deux autres respectivement le long Rhône et du canal de Donzère-Mondragon, une dérivation de ce fleuve.
RTE, qui a publié récemment un rapport très attendu sur l’avenir du système électrique français à 2050, détaillait mardi le chapitre consacré au climat.
« À l’horizon 2050, dans les différents scénarios conservant des tranches nucléaires, le nombre de réacteurs arrêtés simultanément pour cause de canicule ou de sécheresse devrait progresser », note le rapport.
Ces événements climatiques ont déjà eu des effets sur le parc existant, avec des indisponibilités simultanées atteignant jusqu’à près de 6 GW, soit environ 10% de la capacité installée, relève RTE.
La centrale nucléaire de Chooz, dans les Ardennes, le 10 mai 2017 (AFP/Archives – FRANCOIS LO PRESTI)
« En cas d’augmentation des sécheresses et des canicules, en l’absence d’adaptations supplémentaires par l’exploitant, il pourrait y avoir des pertes de production sur quelques sites, notamment sur la Meuse », au bord de laquelle est située la centrale de Chooz (Ardennes), souligne Thomas Veyrenc.
Mais « il peut y avoir des mesures mises en œuvre dans un certain nombre de réacteurs pour réduire le risque d’indisponibilités », a-t-il nuancé.
Outre le nucléaire, les effets du changement climatique sont aussi attendus sur l’hydraulique, avec une gestion des stocks qui « devra évoluer ». RTE évoque ainsi un probable « moindre remplissage des réservoirs hydrauliques à la fin de l’automne et au début de l’hiver ».
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