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Un grenier de stockage du mil dans un village de la région de Ouallam, dans l’ouest du Niger, touché par une crise alimentaire, en novembre 2021. BOUREIMA HAMA / AFP
Le kilo de mil flambe à Bamako ; l’huile de cuisson est de plus en plus rare et chère à Nairobi ; la boîte d’œufs est devenue un produit de luxe sur les marchés de Lagos… Les signes de tension sur les prix des denrées de base se multiplient à travers l’Afrique, attisant les craintes d’une crise alimentaire généralisée sur ce continent déjà très vulnérable, où une personne sur cinq ne mange pas à sa faim.
L’inquiétude est d’autant plus vive que les prix alimentaires mondiaux ont encore progressé en novembre pour le quatrième mois consécutif, s’inscrivant à leur plus haut niveau depuis juillet 2011, selon le baromètre mensuel publié le 2 décembre par l’Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO). En un an, cet indicateur, qui agrège les prix sur les marchés internationaux de plusieurs produits de base (céréales, produits laitiers, sucre, huiles, viandes…), a grimpé de plus de 27 %.
Cette inflation va alourdir la facture des Etats africains dépendant des importations pour nourrir leur population. A titre d’exemple, l’Afrique importe un tiers des céréales qu’elle consomme – et même plus de 50 % en Afrique du Nord –, selon la FAO. Or, les prix du blé atteignent aujourd’hui un niveau inédit depuis mai 2011. Une gageure dans des pays où les ménages peuvent consacrer aux dépenses alimentaires jusqu’à deux tiers de leurs revenus.
La flambée des prix ressuscite le spectre de la crise alimentaire de 2007-2008. A l’époque, les cours du blé puis des autres céréales avaient quasiment doublé. Un enchérissement qui avait déclenché de violentes émeutes de la faim à travers le monde et notamment sur le continent africain, de Dakar à Ouagadougou, en passant par Le Caire.
Le poids très lourd de la pandémie
« La situation est inquiétante, mais également plus complexe qu’en 2008, estime Jean Senahoun, économiste au bureau régional pour l’Afrique de la FAO. Il y a, comme à l’époque, une envolée des prix, mais s’y ajoutent d’autres chocs comme le Covid-19, des dérèglements climatiques importants et de nombreux conflits. »
La pandémie a eu un effet très lourd sur les systèmes alimentaires. D’abord en provoquant des pertes d’emplois et de revenus sur un continent qui a connu en 2020 sa première récession depuis un quart de siècle. Le pouvoir d’achat alimentaire des populations a été sévèrement ébranlé. Encore plus dans les pays qui ont vu leur monnaie se déprécier, comme au Ghana, au Nigeria ou au Soudan : la chute des devises y a amplifié l’inflation importée.
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