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Commercialisation des données : « Avec un milliard d’internautes, la Chine se verrait bien damer le pion aux Américains »

Le 25 novembre, une Bourse d’un genre particulier a ouvert ses portes à Shanghaï. On y échange non pas des actions, mais des données. Des opérateurs télécoms, une compagnie aérienne, un géant du commerce en ligne, un fournisseur d’électricité, une banque, une application de géolocalisation… Une vingtaine d’entreprises ont, dès le premier jour, mis leurs données sur ce marché. Une centaine d’entreprises sont dans la boucle, dont les cabinets de conseil anglo-saxons Deloitte et PricewaterhouseCoopers. Une des premières transactions réalisées sur le Shanghaï Data Exchange (SDE) a été l’acquisition de données du réseau électrique de Shanghaï par une banque publique chinoise.

Depuis que, en 2006, le mathématicien britannique Clive Humby a qualifié les données de « nouvel or noir », la bataille fait rage entre les prétendants au titre de Rockefeller du XXIe siècle. Avec un milliard d’internautes, la Chine se verrait bien damer le pion aux Américains. En 2017, le XIXe congrès du Parti communiste chinois a même qualifié les données de « cinquième facteur de production », après le capital, le travail, la terre et la technologie.

Le rôle du SDE n’est autre que de valoriser et de monétiser ce nouveau facteur. La Chine n’est pas la première à tenter de structurer ce marché. « Il y a des initiatives à plus petite échelle en Europe et en Corée du Sud notamment. Pas aux Etats-Unis, où les entreprises ne passent pas par une place de marché qui sert d’intermédiaire neutre. L’initiative chinoise est originale par sa taille et par son ambition, qui est clairement de prendre de l’avance dans ce domaine », note un observateur français présent sur place.

« Atout stratégique » de la nation

Ce SDE n’est en effet qu’une partie du puzzle. Loin de n’être qu’une marchandise, les données sont considérées comme un « atout stratégique » de la nation. Une loi entrée en vigueur le 1er novembre s’inspire du règlement général de protection des données (RGPD) appliqué dans l’Union européenne depuis 2018. Elle permet aux Chinois d’avoir une copie de leurs données, de contrôler leur utilisation, de les corriger si nécessaire, de les détruire si possible.

Mais la loi rend aussi beaucoup plus difficile le transfert de ces données à l’étranger. Tout transfert exige un contrôle préalable, mais aussi un accord des intéressés. C’est là que le bât blesse. « Le consentement rend les transferts internationaux impraticables car, même si une minorité d’individus s’opposent au transfert de leurs données, cela demanderait l’établissement de capacités locales de calcul et de stockage », faisait récemment valoir, dans le magazine Fortune, Nader Henein, avocat du cabinet Gartner.

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