Le président des Etats-Unis Joe Biden a « fait savoir » à son homologue Vladimir Poutine que la Russie s’exposerait à de « fortes sanctions, entre autres économiques », en cas d’escalade militaire en Ukraine, lors du sommet virtuel entre les deux chefs d’Etat, mardi 7 décembre, a annoncé la Maison Blanche dans un communiqué.
M. Biden a également « exprimé la profonde préoccupation » des Etats-Unis et de leurs alliés face à l’augmentation du nombre de troupes russes à la frontière avec l’Ukraine, selon la Maison Blanche qui précise que les deux présidents ont aussi évoqué la cybersécurité et leur « travail commun sur des sujets régionaux tels que l’Iran ».
« Les deux présidents ont chargé leurs équipes de donner suite (à l’échange) et les Etats-Unis le feront en étroite coordination avec leurs alliés et partenaires », a encore souligné l’exécutif américain. Le Kremlin n’avait pour sa part pas encore livré sa version de l’entretien entre les présidents américain et russe, qui a duré deux heures.
M. Poutine se trouvait dans sa résidence de Sotchi, station balnéaire au bord de la mer Noire. M. Biden a participé à la conversation depuis la « Situation Room » de la Maison Blanche, une salle ultra-sécurisée d’où l’exécutif américain pilote les interventions militaires sensibles.
M. Biden devait ensuite téléphoner à Emmanuel Macron, à la chancelière allemande Angela Merkel et aux premiers ministres italien Mario Draghi et britannique Boris Johnson, a fait savoir la Maison Blanche. L’exécutif américain rappelle que le président avait parlé lundi à ces mêmes alliés et convenu de rester « en contact étroit », selon un communiqué.
M. Biden doit également, dans les jours qui viennent, rendre compte de la conversation au président ukrainien Volodymyr Zelensky, avait annoncé l’exécutif américain lundi.
L’espoir du président américain d’établir une relation « stable » et « prévisible » avec la Russie, exprimé en juin lors d’un sommet entre les deux hommes à Genève, semble avoir vécu.
L’hypothèse d’une attaque pas complètement écartée
Washington, l’OTAN et Kiev accusent Moscou de masser des troupes à la frontière avec l’Ukraine en vue d’attaquer le pays. Le scénario rappelle 2014 et l’annexion russe de la péninsule de Crimée, puis le déclenchement dans l’est ukrainien d’un conflit armé avec les séparatistes prorusses qui a fait plus de 13 000 morts.
Le Kremlin dément tout projet d’invasion. Et Moscou reproche à Washington de négliger ses propres préoccupations : l’activité accrue des pays de l’OTAN en mer Noire, la volonté ukrainienne de rejoindre l’Alliance atlantique et l’ambition de Kiev de s’armer auprès de l’Occident. « La Russie n’a jamais eu l’intention d’attaquer qui que ce soit mais nous avons des lignes rouges », a assuré lundi Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.
Beaucoup d’observateurs, en Europe et aux Etats-Unis, pensent que le président russe bluffe avec le déploiement de forces aux frontières de l’Ukraine. Néanmoins, peu écartent complètement l’hypothèse d’une attaque.
Si Moscou devait passer à l’acte, un haut responsable de la Maison Blanche a prévenu que les Etats-Unis « répondraient favorablement » à une demande de présence militaire américaine accrue en Europe de l’Est et soutiendraient davantage l’armée ukrainienne. Washington brandit aussi la menace de sanctions économiques contre le régime russe. Et assure qu’elles seraient plus douloureuses que celles qui se sont empilées sans grand effet sur la Russie depuis 2014. « Nous savons bien que la partie américaine a une addiction aux sanctions », a ironisé mardi le porte-parole du Kremlin.
L’Union européenne est elle aussi prête à adopter des sanctions supplémentaires contre la Russie, a prévenu mardi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
La tenue de ce sommet virtuel Biden-Poutine est déjà un succès pour la Russie, qui se veut une puissance géopolitique incontournable et arrache ainsi au moins temporairement le président américain à sa grande priorité stratégique, la rivalité avec la Chine. Cela faisait quelques semaines que le Kremlin réclamait un face-à-face entre les deux présidents.
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