Deux semaines après les élections locales au Venezuela emportées haut la main par le Parti socialiste (PSUV) au pouvoir, la bataille pour l’Etat de Barinas bat son plein. Le Tribunal supérieur de justice (TSJ) a en effet annulé l’élection du gouverneur de cet Etat du centre du pays, qui avait été remportée le 21 novembre par l’opposant Freddy Superlano. La Haute Cour a ordonné l’organisation d’un nouveau scrutin le 9 janvier 2022. La décision, évidemment contestée par l’opposition, a une forte charge symbolique : l’Etat de Barinas est le fief historique et népotique de feu Hugo Chavez.
Depuis l’arrivée au pouvoir du leader de la révolution bolivarienne en 1999, le Barinas, terre de soleil et de bétail, a toujours été aux mains d’un membre du clan Chavez. Le père d’Hugo a gouverné le Barinas pendant dix ans, avant de céder le pouvoir à son fils Adam, qui l’a remis, en 2017, à son frère Argenis. Battu de peu le 21 novembre, Argenis Chavez a fait savoir qu’il ne serait pas candidat le 9 janvier 2022. Il sera remplacé par Jorge Arreaza, ancien gendre d’Hugo Chavez.
« Illuminés par l’esprit immortel de notre commandant Hugo Chavez qui ne nous abandonne jamais, nous avons décidé de lancer la candidature au poste de gouverneur de Barinas d’un homme expérimenté, honnête, capable et courageux : le camarade Jorge Arreaza », a déclaré dimanche 5 décembre le président Nicolas Maduro. M. Arreaza a été vice-président et ministre des relations extérieures de M. Maduro. L’opposition dénonce « le parachutage » d’Arreaza, qui n’a « aucun lien » avec le Barinas et qui vote à Caracas.
Jorge Arreaza salue ses partisans, dans l’Etat de Barinas (Venezuela), le 5 décembre 2021. ARIANA CUBILLOS / AP
Au lendemain de l’élection locale, le 22 novembre, le Conseil national électoral (CNE) avait attribué la victoire dans l’Etat du Barinas à Argenis Chavez, avant de se rétracter. Cinq jours plus tard, les résultats, qui donnaient un très léger avantage à M. Superlano, n’étaient toujours pas officiellement proclamés. Saisi par un rival politique, le TSJ annonçait alors sa décision d’annuler – rétroactivement – la candidature de M. Superlano, au motif que celui-ci était sous le coup d’une sanction prononcée 17 août par le contrôleur général de la République – l’institution chargée de la supervision des fonds publics. M. Superlano a été député de 2015 à 2020.
La sanction était ignorée de tous, comme l’a rappelé Roberto Picon, l’un des deux membres du CNE indépendants du pouvoir. Il a critiqué la décision du TSJ, qui « porte gravement atteinte à la compétence du CNE et à la volonté du peuple de Barinas ». Pour sa part, M. Superlano a qualifié la décision de justice de « coup d’Etat constitutionnel ». L’opposant a annoncé dimanche que son épouse Aurora serait candidate le 9 janvier 2022. Mais celle-ci aurait été à son tour déclarée inéligible, alors même qu’elle n’a jamais occupé de poste dans la fonction publique. « Ce que veut la dictature, c’est qu’on lui demande : “qui voulez-vous que l’on ait comme candidat ?” », a ironisé Freddy Superlano lors d’une conférence de presse à Caracas.
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