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Au Ghana, l’espoir du vaccin contre le paludisme

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Une infirmière prépare une dose de vaccin Mosquirix (RTS,S), pour l’administrer à un enfant, à la polyclinique Ewim,  à Cape Coast (Ghana), le 30 avril 2019. CRISTINA ALDEHUELA / AFP

Au Ghana, le paludisme reste un fléau majeur. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, la malaria est endémique sur l’ensemble du territoire, toute l’année. Avec le Kenya et la Namibie, Accra expérimente depuis 2019 un programme pilote de vaccination avec le RTS,S (Mosquirix), mis au point par le laboratoire britannique GlaxoSmithKline.

Quelque 230 000 enfants ghanéens en ont bénéficié, 800 000 en tout dans les trois pays pilotes. Malgré des résultats limités (il permet de réduire d’environ 30 % les épisodes de paludisme et de 40 % les épisodes sévères), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé en octobre son déploiement élargi, espérant que le vaccin permette des gains dans la lutte contre le parasite.

Au Ghana, comme dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, le paludisme est la principale cause d’hospitalisation pédiatrique et la première cause de mortalité infantile. Si le pays a enregistré une forte baisse de l’incidence et de la mortalité due à la maladie entre 2005 et 2015 (respectivement – 50 % et – 65 %), celles-ci augmentent légèrement depuis 2019.

Sur le terrain, l’expérimentation vaccinale reste peu connue. Dans le nord du pays, quasiment aucun habitant n’a entendu parler du Mosquirix. Cette région rurale, parmi les plus pauvres du Ghana, est aussi l’une des plus touchées par le paludisme avec une prévalence de 32 % (contre 4 % dans la région d’Accra, la plus riche du pays), particulièrement forte durant la saison des pluies, de mai à fin octobre.

« Se protéger avec les moustiquaires »

Près de la grande ville du Nord, Tamale, à Savelugu, l’infirmière Najat Abdullai réunit, comme elle le fait une fois par mois, un groupe de parole de mères de famille. L’objectif de cette réunion entre femmes, organisée sous l’égide de l’ONG de développement Vision du monde, est d’aborder librement toutes les questions de santé qui les préoccupent.

Dans ces groupes, le paludisme revient comme l’un des principaux sujets de discussion, avec l’alimentation et l’éducation des enfants. Comment protéger les nouveau-nés ? Comment repérer les signes d’une infection au paludisme et comment agir ?… Najat Abdullai met toute son énergie pour répondre aux questions de ces femmes et encourager le partage d’informations.

Afi Wumbie explique que son troisième enfant, une fillette de 18 mois, a contracté le paludisme pendant l’été. Fièvre, teint jaune… La mère a très vite soupçonné le paludisme et a pu consulter rapidement au centre de soins du village voisin. « J’ai eu très peur pour elle parce qu’elle avait une très forte fièvre, confie Afi Wumbie, mais, comme elle a été rapidement prise en charge, je ne me suis pas dit que je la perdrais. Après trois jours de traitement, elle allait déjà mieux. »

Au Ghana, tous les enfants ne se sortent pas malheureusement d’un épisode de paludisme. Chaque année, 20 000 d’entre eux en meurent, dont un quart ont moins de 5 ans. « On fait beaucoup de pédagogie sur l’importance de se protéger, avec les moustiquaires notamment », insiste Najat Abdullai. A Savelugu, l’Etat a récemment distribué des moustiquaires de lit. La vingtaine de femmes réunies ce jour-là assurent faire dormir leurs jeunes enfants sous des moustiquaires imprégnées d’insecticide.

Maladie de la pauvreté

Or l’accès à cet équipement, crucial pour prévenir des piqûres, reste inégal dans le pays. En 2019, 73,7 % des foyers ghanéens avaient accès à au moins une moustiquaire traitée, selon l’OMS. Un peu plus de la moitié des enfants de moins de 5 ans avaient la possibilité de dormir sous cet équipement. Malgré la pandémie, le pays a poursuivi tant bien que mal les distributions, mais, fin octobre, les autorités n’avaient fait parvenir aux communautés que 76 % des 16 millions de moustiquaires prévues pour sa campagne 2021.

Comme observé au niveau mondial, les statistiques nationales confirment que le paludisme est d’abord une maladie de la pauvreté. Dans les foyers ghanéens les plus pauvres, il touche 32 % des enfants de moins de 5 ans, quand seulement 3 % des enfants issus des familles les plus aisées sont affectés (la prévalence moyenne s’établissant à 21 % sur l’ensemble du pays).

Quand on demande aux mères de Savelugu si elles vaccineraient leur enfant contre la malaria si elles en avaient la possibilité, la plupart répondent par un « oui » franc. Une détermination qui tranche avec leurs interrogations quant au vaccin contre le Covid-19, qui fait l’objet dans la région de nombreuses rumeurs. C’est que la menace du paludisme est perçue comme immédiate, tout le monde connaissant une personne touchée autour de soi, quand le Covid-19 fait quant à lui figure d’ombre lointaine.

Les autorités ghanéennes espèrent que la vaccination suscite l’adhésion et réduise le nombre d’hospitalisations de 100 000 par an, mais son élargissement à grande échelle représente un défi logistique : le Mosquirix nécessite en effet quatre injections, à un, six et neuf mois, puis un rappel après deux ans.

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