« Plus lointaine que proche. » C’est en ces termes que le porte-parole du parti polonais Droit et justice (PiS), Radoslaw Fogiel, a qualifié la perspective de création d’un groupe commun des partis nationalistes au Parlement européen. Le parti national conservateur au pouvoir à Varsovie était l’hôte, samedi 4 décembre, d’une conférence réunissant treize partis souverainistes et d’extrême droite de l’UE, dont le Fidesz hongrois, le Vox espagnol, le FPÖ autrichien ou le Rassemblement national français.
Si la présence de Marine le Pen fut particulièrement remarquée, l’absence du chef de la Ligue italienne, Matteo Salvini, qui a annulé sa visite au dernier moment, l’a été tout autant. Il était pourtant, avec les premiers ministres polonais Mateusz Morawiecki et hongrois Viktor Orban, un des trois « parrains » de la déclaration commune signée cinq mois plus tôt par une quinzaine de partis d’extrême droite et souverainistes européens, censée poser la première pierre d’une « grande alliance au Parlement européen ». Les trois hommes s’étaient encore entretenus en visioconférence début novembre.
Deux jours avant le sommet de Varsovie, la création d’un tel groupe avait été annoncée par des médias hongrois, mais rapidement démentie par les eurodéputés du PiS. Matteo Salvini, qui soutient le gouvernement dirigé par Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne, a décidé de boycotter le sommet de Varsovie sur fond de désaccord profond avec Jaroslaw Kaczynski. D’un côté, le PiS souhaiterait un élargissement du groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR), alors que M. Salvini opterait pour la création d’une nouvelle initiative politique. Le 1er décembre, le groupe ECR confirmait que l’eurodéputé PiS Ryszard Legutko était réélu à sa vice-présidence.
Résultat : la conférence de Varsovie a débouché sur une déclaration commune très générale sur le fond et concise sur la forme – cinq paragraphes à peine – dénonçant notamment « l’application arbitraire du droit européen, le contournement, voire le viol des traités » par les institutions européennes, ces dernières ne pouvant « être l’outil d’une ingénierie sociale visant à créer une nouvelle nation européenne ». La « coopération plus étroite » au Parlement européen entre ces partis n’a été évoquée qu’en une phrase.
Un nouvel épouvantail : la coalition allemande
« Il n’y a personne qui bloque ce grand groupe, c’est tout simplement une ingénierie politique très compliquée, a commenté en marge de la rencontre Marine le Pen. Il est plus facile de créer un grand groupe de zéro plutôt que d’en fusionner deux. Quant à l’AfD allemande, je regrette que le courant modéré ait perdu. Il est difficile d’envisager une coopération avec l’AfD actuelle, bien trop radicale. » Le parti d’extrême droite allemand n’a d’ailleurs par été convié à Varsovie.
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