A côté de ses volets diplomatiques et commerciaux, le déplacement d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite, samedi 4 décembre, comportait une petite dimension touristique et patrimoniale. Depuis la signature en avril 2018 d’un accord intergouvernemental avec Riyad, l’Etat français est coresponsable de la mise en valeur du site antique d’AlUla, une nécropole nabatéenne (civilisation qui prospéra entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIe siècle ap. J.-C. et dont la capitale fut Petra, en Jordanie) dans les sables du nord-ouest du royaume.
Ce chantier est piloté côté français par l’Agence pour le développement d’AlUla (Afalula), conjointement avec la Commission royale pour AlUla, côté saoudien. La transformation de ces majestueux tombeaux taillés dans la pierre en une destination touristique mondiale est l’un des projets phares de Vision 2030, le plan de modernisation du prince héritier Mohammed Ben Salman, le roi bis d’Arabie.
A Djedda, le grand port de l’Ouest saoudien, où il a rencontré celui que l’on surnomme « MBS », M. Macron était notamment accompagné de Gérard Mestrallet, le président de l’Afalula. La visite du président français dans le royaume survient alors que le site, en rodage pendant deux ans, a passé la vitesse supérieure. En décembre 2020, le « master plan » a été officiellement validé par le dauphin et, mi-novembre, l’aéroport aménagé au sud de l’oasis a accueilli son premier vol international.
Stratégie de diversification
Alors que le site n’était accessible ces dernières années que sur invitations, distribuées à des VIP et à des influenceurs, durant des week-ends de test, il est désormais ouvert à tous et toute l’année – pour autant que la pandémie de Covid-19 n’oblige pas l’Arabie saoudite à refermer ses frontières. Entre décembre et février, les concrétions aux formes spectaculaires qui parsèment AlUla sont le théâtre de multiples spectacles : concerts, courses d’endurance de chevaux, matchs de polo, etc.
Pour Mohammed Ben Salman, ce projet est l’occasion de mettre en valeur un aspect méconnu de l’Arabie, évidemment plus porteur que les violations des droits de l’homme auxquelles le pays est fréquemment associé dans l’opinion publique occidentale. Longtemps tabou dans le royaume, accusé de souiller le berceau de l’islam, le tourisme est désormais considéré par la couronne comme un levier de soft power, de rayonnement international, au même titre que le Grand Prix de Formule 1, qui a été organisé dimanche à Djedda.
L’exploitation des paysages saoudiens, qu’il s’agisse du désert ou du littoral de la mer Rouge – où des stations balnéaires haut de gamme sont en préparation –, fait aussi partie de la stratégie de diversification post-pétrole du pays. Et, par l’entremise de l’Afalula, la France s’est positionnée pour en profiter. Après l’architecte Jean Nouvel, choisi pour créer un hôtel haut de gamme dans les canyons de roche ocre d’AlUla, plusieurs entreprises tricolores ont décroché des contrats liés au développement de ce trésor archéologique, comme Thales et le consortium d’ingénierie Egis-Assystem-Setec. Le tandem franco-saoudien table sur 2 millions de visiteurs par an à l’horizon 2035.
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