Après une visite historique de deux jours et demi en Grèce, où il a rencontré des jeunes d’une école catholique, le pape François a quitté le pays, lundi. Sur l’île de Lesbos, il a lancé un vibrant appel à une meilleure intégration des migrants en Europe.
Le pape François a quitté la Grèce, lundi 6 novembre, clôturant une visite de deux jours et demi marquée par un passage sur l’île de Lesbos, où il a lancé un appel, vibrant en faveur d’une meilleure intégration des migrants en Europe, thème central de son pontificat.
Peu avant de décoller pour Rome en fin de matinée, le pontife argentin de 84 ans est allé à la rencontre de jeunes d’une école catholique de la banlieue d’Athènes, qu’il a exhortés à ne pas se « contenter de rencontres virtuelles » mais à « rechercher les rencontres réelles ».
Dans une ambiance joyeuse, rythmée par des chants religieux d’enfants et adolescents, il a souligné la nécessité de s’ouvrir à l’autre, « surtout ceux qui ont besoin » d’eux. « Lorsque la tentation de se refermer sur soi-même vient, cherchez les autres », a-t-il exhorté.
S’adressant à trois jeunes Katerina, Ioanna et Aboud, qui ont fait part de leurs « doutes » ou de leur expérience, le pape, vivement applaudi, a estimé que « se consacrer aux autres, ce n’est pas pour les perdants, c’est pour les gagnants ! ».
Traditionnellement très proche des jeunes, le pape François, tout sourire, a estimé qu’ »aujourd’hui beaucoup sont très réseaux sociaux, mais pas très sociables, repliés sur eux-mêmes, prisonniers du téléphone portable ».
« Naufrage de civilisation »
« Mais sur l’écran, il manque l’autre personne, ses yeux, son souffle, ses mains », a-t-il assuré devant un parterre d’adolescents, habitués des téléphones portables. « L’écran devient facilement un miroir, devant lequel tu crois être face au monde, alors qu’en réalité tu es seul ».
À Aboud Gabo, après qu’un jeune Syrien de 18 ans lui a raconté son « voyage périlleux jusqu’en Grèce » après avoir fui la guerre à Alep, le pape François l’a appelé, à l’image de Télémaque dans l’Odyssée, à ne pas se « laisser paralyser » par ses peurs.
« Rêvez en grand et rêvez ensemble ! (…) Nourrissez le courage de l’espérance », s’est exclamé le pape, longuement acclamé par des « Papa Francisco » en grec.
La veille, sur l’île de Lesbos, François, ardent défenseur de la cause des migrants, a appelé à mettre fin à un « naufrage de civilisation » dans un vibrant discours au camp de Mavrovouni.
Le pontife a longuement salué et béni des familles, parmi lesquelles de nombreux enfants dont certains l’ont enlacé. « Welcome ! » (bienvenue), « We love you » (nous vous aimons), « Merci », pouvait-on entendre.
La Méditerranée, « un cimetière froid sans pierres tombales »
La Méditerranée « est en train de devenir un cimetière froid sans pierres tombales (…). Je vous en prie, arrêtons ce naufrage de civilisation ! », a lancé le souverain pontife, dimanche.
Sous une tente du camp, il a écouté, visiblement ému, les chants joyeux d’une chorale d’exilés, avant de déplorer que la Méditerranée, « berceau de tant de civilisations » soit « désormais comme un miroir de la mort », rappelant « les images crues des petits corps gisant sur les plages ».
« Ne permettons pas que la mare nostrum se transforme en une désolante mare mortuum, que ce lieu de rencontre devienne le théâtre de conflits ! Ne laissons pas cette mer des souvenirs devenir la mer de l’oubli », a-t-il exhorté devant la présidente grecque, Katerina Sakellaropoulou, le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, et le ministre grec des Migrations, Notis Mitarachi.
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Arrivé samedi en Grèce après un voyage à Chypre, d’où 50 migrants seront transférés à Rome, François, lui-même issu d’une famille de migrants italiens, a été chaleureusement accueilli par une foule de demandeurs d’asile massés entre les conteneurs du camp qui abrite près de 2 200 personnes.
En avril 2016, François avait déjà visité un camp de migrants à Lesbos, celui de Moria, détruit par les flammes il y a un an, quand l’île était la principale porte d’entrée de migrants en Europe et avait créé la surprise en ramenant avec lui douze réfugiés syriens.
« Pardon » au chef de l’Église orthodoxe grecque
Au cours de ce 35e voyage papal, le pape a été reçu deux fois par le chef de l’Église orthodoxe grecque, Mgr Hiéronyme II, lui demandant à nouveau « pardon » pour les « erreurs commises par de nombreux catholiques », comme l’avait fait Jean-Paul II en 2001 à Athènes.
Dans la capitale grecque, où c’était la première visite d’un pape en deux décennies, il a célébré une messe dimanche devant quelque 2 000 fidèles où il a prêché pour « la petitesse et l’humilité ».
Avant de quitter la Grèce, François a également rencontré, lundi matin, le président du parlement grec, Konstantinos Tassoulas, et le chef de l’opposition, Alexis Tsipras, après s’être entretenu samedi avec la présidente de la République hellénique, Katerina Sakeropoulou, et le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis.
Le pape donnera une ultime conférence de presse à bord de l’avion qui le ramène à Rome.
Avec AFP
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