Lors de son premier meeting de campagne, dimanche, Éric Zemmour a réuni plusieurs milliers de partisans au Parc des expositions de Villepinte. Quelques 13 000 partisans se sont rassemblés autour de leur candidat. Au même moment, une manifestation a rassemblé plus de 2 000 manifestants à Paris dénonçant la candidature et le discours à leurs yeux « raciste » d’Éric Zemmour.
Le polémiste Éric Zemmour a réuni plusieurs milliers de partisans, dimanche 5 décembre au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), pour un premier meeting de campagne censé démontrer la force de sa candidature, pourtant critiquée, après des déplacements chahutés.
Quelque 13 000 partisans se sont rassemblés autour de leur candidat, selon les organisateurs.
Venue de Picardie, Loménie, 28 ans, qui s’est fait cracher dessus « par des personnes issues de l’immigration », croit en Éric Zemmour pour lutter contre « l’insécurité que subissent les femmes ». Son compagnon, surnommé Bauduch, proche du mouvement « traditionaliste et royaliste », partage ses inquiétudes.
« Impossible n’est pas français », expression attribuée à Napoléon, et un rameau d’olivier – le sens du nom Zemmour en berbère – sont le slogan et le logo choisis par l’ancien éditorialiste qui s’est exprimé en milieu d’après-midi.
À l’entrée du meeting, des militants du mouvement monarchiste Action française distribuent leurs journaux. « On se rejoint sur certains thèmes notamment l’immigration, la souveraineté », dit Brocard, travailleur social de 24 ans.
Quelque 900 jeunes du mouvement militant « Génération Z », étaient présents, selon son président Stanislas Rigault. « Macron démission », crient-ils pour faire patienter le public.
Des goodies à la Trump comme des casquettes « ben voyons » ou « Zemmour 2022 », fabriquées au Bangladesh pour certaines, étaient vendus en marge de la réunion.
Des journalistes hués, des militants de SOS Racisme pris à partie
Plus de 400 journalistes étaient accrédités. Avant que le meeting ne commence, des membres de l’émission Quotidien ont été hués par le public aux cris de « et tout le monde déteste Quotidien », a constaté l’AFP.
Le polémiste a calqué son calendrier sur le congrès des LR, qui ont choisi samedi leur championne Valérie Pécresse, au profil plus modéré que son rival Éric Ciotti.
Comme Marine Le Pen, sa concurrente à l’extrême droite, Éric Zemmour a invité les déçus LR à le rejoindre, dans une lettre ouverte où il atteste : « Nous sommes si proches ».
Initialement prévu au Zénith, à La Villette, dans le nord-est de Paris, le meeting a finalement été délocalisé à Villepinte, en banlieue. L’équipe d’Éric Zemmour l’explique par « l’engouement populaire », mais admet aussi des raisons de sécurité.
Des militants de SOS Racisme menant une action qui se voulait « non violente » ont quant à eux été agressés par des participants au meeting, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Au début du discours d’Éric Zemmour, une dizaine de militants de l’association se sont levés au fond de la salle sur une rangée, avec une lettre en jaune sur chacun de leurs maillots noirs, permettant d’afficher le message « Non au racisme ».
Ils ont aussitôt été pris violemment à partie par d’autres participants au meeting, qui les ont frappés, ou ont lancé sur eux des sièges, comme le montre une vidéo diffusée par SOS Racisme sur Twitter, avant d’être évacués. Au moins deux personnes étaient en sang, a constaté un journaliste de l’AFP.
NON AU RACISME
Nos militants étaients présents au meeting de #Zemmour à Villepinte pour dire non au racisme de manière pacifique. La vidéo, d’une violence inouïe, parle d’elle même, nos militants se sont fait frapper et insulter pour avoir rappelé notre lutte antiraciste!✊?✊?✊? pic.twitter.com/5cvZadNGh8
— SOS Racisme – #PanthéonDesOubliés (@SOS_Racisme) December 5, 2021
« En quelque secondes des chaises ont été lancées, des militants jetés à terre et frappés. Ils ont fini avec des plaies ouvertes – au moins deux – d’autres ont pris des coups. Voilà en 2021, en France, quand on vient dans un meeting pour dire non au racisme, on finit avec la tête en sang », a réagi auprès de l’AFP Dominique Sopo, président de SOS Racisme.
« Cela fera l’objet de plaintes de la part de militants agressés pour déterminer qui sont les agresseurs et qu’ils répondent de leurs actes », a-t-il précisé.
Dans la bousculade, des journalistes de BFMTV se sont aussi retrouvés au sol, ont-ils précisé à l’antenne.
« On voulait faire une action non violente, j’insiste non violente », a expliqué sur place Aline Kremer de SOS-Racisme.
Ces personnes « n’avaient pas à être là, il ne faut pas venir faire de provocation dans notre salle », a réagi Antoine Diers, un membre de l’équipe de campagne d’Éric Zemmour.
« S’il y a eu usage de la force avec excès, je le regrette, mais je trouve qu’avec toutes les provocations qu’on subit, on est vraiment très très calme », a-t-il ajouté.
Manifestation à Paris
Un dispositif de sécurité dense avait été déployé à Villepinte. Des tensions avaient déjà éclaté à la mi-journée entre des dizaines d’opposants à la venue d’Éric Zemmour et les forces de l’ordre, devant la gare du RER.
Une trentaine de personnes, qui se trouvaient dans une zone interdite aux manifestations, ont été interpellées pour vérification d’identité et conduites au commissariat, selon une source policière.
À Paris, quelque 2 200 manifestants selon la préfecture, 10 000 selon les organisateurs, se sont rassemblés dans le calme pour dénoncer la candidature et le discours à leurs yeux « raciste » d’Éric Zemmour, à l’appel d’une cinquantaine de syndicats, partis et associations.
Le président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, avait lancé une pétition pour faire annuler le meeting par les propriétaires du lieu, le groupe Viparis, en l’interpellant sur sa « charte de la diversité ».
Le meeting permet de mesurer les ralliements, alors que l’organisation est critiquée en interne pour sa fragilité et que des militants plus radicaux ont intégré la campagne, comme l’ancien mégrétiste et proche des identitaires Grégoire Tingaud, chargé de coordonner les référents régionaux.
Le financier Charles Gave a retiré son soutien et le souverainiste Philippe de Villiers n’était pas présent dimanche.
Devenir « le roi de France »
En revanche, plusieurs personnalités de la Manif pour tous, opposées au mariage homosexuel, sont venues à Villepinte. Au micro, l’ex-député conservateur Jean-Frédéric Poisson s’est félicité d’avoir avec d’autres « installé les enjeux de civilisation au coeur de la campagne présidentielle ».
Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur, associé jusqu’à présent à LR, a dénoncé la « décomposition idéologique de la droite », qui « aurait dû proposer une réelle alternative au progressisme de la gauche, berceau d’Emmanuel Macron ».
Le souverainiste Paul-Marie Coûteaux, ancien porte-parole de Marine Le Pen et ami d’Eric Zemmour, a fait huer l’ambassade des États-Unis pour ses messages d’alerte devant les risques de sécurité du meeting, ainsi que la « féodalité » des journalistes, « techniciens de la propagande ». Il a appelé Éric Zemmour à devenir « le roi de France ».
La figure des « gilets jaunes » Jacline Mouraud, au nom des « gens ordinaires », a dénoncé la « mondialisation heureuse, cheval de Troie des étrangers ».
Étaient présents également Pierre-Jean Chalençon, collectionneur d’objets de Napoléon, accusé d’avoir organisé des dîners clandestins pendant le confinement, et l’animateur de télévision Éric Naulleau.
À leurs côtés se trouvait aussi Karim Ouchikh, un proche de l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus, promoteur de la théorie complotiste du « grand remplacement » revendiquée par Éric Zemmour (remplacement des populations européennes par des immigrés non européens).
La figure des « gilets jaunes » Jacline Mouraud était là aussi pour soutenir Éric Zemmour et « représenter la France populaire ».
Le général Bertrand de la Chesnais, ex-tête de liste pour le RN à Carpentras (Vaucluse), qui planche déjà sur les questions de défense, pourrait être nommé directeur de campagne.
L’annonce de la candidature d’Éric Zemmour avait été jugée « sinistre » par l’ensemble de la classe politique. Outre sa tonalité, la vidéo du candidat avait été critiquée pour son amateurisme avec l’utilisation d’images sans avoir les droits.
Avec AFP
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