Une journée à Dubaï, une soirée à Doha et un après-midi à Djedda. Au pas de charge, Emmanuel Macron s’est fait un devoir de visiter, en deux jours, les trois voisins du Golfe, Emirats arabes unis, Qatar et Arabie saoudite.
Après la vente de 80 Rafale aux Emirats, le temps fort du voyage, le plus contesté aussi par les défenseurs des droits de l’homme, restera sa visite au prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, dit « MBS ». Les deux dirigeants se sont entretenus samedi 4 décembre à Djedda, puis ont déjeuné ensemble dans un palais royal de ce grand port de la côte ouest de la péninsule. Pour l’occasion, les journalistes avaient été tenus à l’écart, cantonnés dans la résidence du consul de France. Les Saoudiens n’avaient accepté la présence, au tout début de la rencontre, que d’une équipe de télévision et d’un photographe français.
Ainsi va la « normalisation » des relations entre la France et l’Arabie saoudite, trois ans après le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi, crime dans lequel le dauphin saoudien est impliqué d’après différents rapports accablants, dont une enquête de la CIA américaine. L’affaire vaut encore à l’homme fort de Riyad une réputation sulfureuse, et un isolement international que le président français a choisi de rompre, au grand dam des organisations de défense des droits humains.
A l’issue de leur entretien, lors d’un rapide point presse à l’aéroport juste avant de décoller pour Paris, M. Macron a assuré avoir « parlé de tout, absolument sans aucun tabou » avec son interlocuteur lors d’un échange « direct » et « efficace » sur les questions de droits de l’homme, mais sans prononcer le nom de l’ancien chroniqueur du Washington Post assassiné dans l’enceinte du consulat saoudien d’Istanbul (Turquie), en octobre 2018.
« Opportunités nouvelles »
M. Macron n’a pas non plus évoqué la meurtrière guerre du Yémen où les Saoudiens tentent depuis six ans d’écraser la rébellion houthiste pro-iranienne, en coalition avec les Emiratis. La veille de la rencontre, une plainte avait d’ailleurs été déposée à Paris contre les dirigeants des deux pays, pour « crime de guerre », et « financement du terrorisme ».
Dans ce contexte, l’Elysée est également resté discrète sur les différents accords signés par plusieurs entreprises françaises, dont Safran, Airbus et Véolia. « L’heure n’est plus à afficher une moisson de contrats, comme à l’époque de Sarkozy », dit un homme d’affaires présent dans la délégation officielle, « cela n’était pas forcément convaincant et déplaisait aux clients du Golfe ». Un autre considère que l’obsession américaine envers la Chine, sur fond d’envolée des cours du pétrole, « offre bel et bien des opportunités nouvelles » aux groupes européens et français, dans ce pays considéré comme un partenaire privilégié de Washington. Sans oublier que Joe Biden continue, lui, de ne pas parler à l’héritier saoudien.
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