Vendredi 3 décembre est un jour noir pour les entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis : après l’annonce du départ de Didi Chuxing, qui quitte Wall Street sous la pression de Pékin, les grandes valeurs chinoises ont toutes dévissé. Dans le sillage du leader chinois des VTC Didi, qui chute de 20 %, Alibaba a perdu 11 %, Baidu, 11,5 %, JD.com, 6,5 %, et Pinduoduo, 5 %. Au Nasdaq, l’indice Golden Dragon China, qui suit les entreprises exposées à la Chine, a plongé de 9,1 %, vendredi. Sa pire performance depuis la crise de 2008. Les investisseurs craignent que la sortie de la cote de Didi ne soit le signal d’un grand découplage financier, ouvrant la voie au départ d’autres géants chinois du numérique, sur fond de tensions entre les Etats-Unis et la Chine.
« Après mûre réflexion, la société a entamé le processus de retrait de la cote de la Bourse de New York avec effet immédiat et engagé les travaux préparatoires pour une cotation à Hongkong », a annoncé, vendredi, Didi dans un bref communiqué. Concrètement, les détenteurs d’actions Didi à Wall Street pourraient se voir proposer un transfert de titres lors de l’introduction du groupe sur la Bourse de Hongkong ou un rachat de leurs titres avant cette opération.
L’annonce de Didi est intervenue quelques heures après l’adoption, aux Etats-Unis, de règles plus contraignantes pour les entreprises étrangères qui y sont cotées. L’autorité américaine de régulation des marchés financiers, la Securities and Exchange Commission (SEC), est désormais autorisée à sortir de la cote les groupes qui ne feraient pas auditer leurs comptes par une société agréée. Or, la Chine, soucieuse de sa souveraineté, interdit à ses entreprises de se soumettre à de tels audits par des puissances étrangères.
Fiasco
Anticipant une possible exclusion des titres chinois, discutée à Washington depuis plus de deux ans, plusieurs géants de la tech, comme Alibaba et NetEase, ont décidé, ces dernières années, de lancer des « secondes introductions » à la Bourse de Hongkong, en plus de Wall Street. Une manière de limiter les risques en se rapprochant de Pékin et d’investisseurs qui les connaissent mieux. « Cela va forcément entraîner une décote des entreprises chinoises sur les Bourses américaines, écrit la banque d’investissement Cowen dans une note. Nous ne pensons pas que le Congrès et la SEC considèrent que le bénéfice de laisser les sociétés chinoises soit supérieur au coût de ne pas pouvoir inspecter leurs audits. »
Le départ de la cote de Didi met fin à un fiasco qui aura duré cinq mois et vu la valeur de l’entreprise chuter de 45 %. Le 30 juin, le groupe avait levé 4,4 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros) à Wall Street, une opération qui valorisait l’entreprise à 67 milliards de dollars, non loin de son ancien rival Uber. Mais, quelques jours plus tard, l’Autorité chinoise de surveillance de la cybersécurité lançait une enquête contre Didi, évoquant un « problème de sécurité des données ». Dans la foulée, le service était retiré des magasins d’applications en Chine et interdit de recruter des nouveaux utilisateurs. D’après le Wall Street Journal, l’introduction avait eu lieu malgré un avis défavorable du régulateur chinois, Pékin n’appréciant pas de voir ses pépites quitter la Chine pour Wall Street et craignant des transferts de données sensibles aux Etats-Unis.
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